La main-d'oeuvre de CBC/Radio-Canada diminuera de 25 % d'ici cinq ans, a annoncé la haute direction de la société d'État jeudi au moment de présenter son plan quinquennal.

D'ici 2020, le diffuseur public comptera de 1000 à 1500 employés de moins, en plus des 657 abolitions de postes sur deux ans qui avaient été annoncées en avril. Cette réduction se fera notamment par attrition : 1000 employés seraient déjà admissibles à la retraite et quelque 300 quittent l'organisation chaque année.

« Si nous voulons remplir notre mandat dans les années à venir, nous devons immédiatement entreprendre une transformation fondamentale. Nous devons devenir et nous deviendrons un radiodiffuseur plus petit, qui s'adapte aux circonstances. Cela signifie qu'il faudra faire des choix », a déclaré le président-directeur général, Hubert T. Lacroix, qui a évoqué la nécessité de procéder à des mises à pied.

La perte d'environ 2000 postes à temps plein a déjà été annoncée au cours des cinq dernières années dans les services anglais et les services français, incluant les 657 postes du mois d'avril, pour pallier les pertes de revenus publicitaires et compressions fédérales.

D'ici 2020, la réduction d'effectifs pourrait donc s'élever à environ 3500 postes, sur une période de 10 ans.

Virage numérique

Pan important du nouveau plan quinquennal nommé « Un espace pour nous tous », CBC/Radio-Canada souhaite doubler sa présence sur les plateformes numériques et mobiles au cours des cinq prochaines années. Il diminuera en revanche ses investissements dans les médias traditionnels comme la radio et de la télévision. 

On prévoit notamment une diminution de la production interne « dans toute l'organisation » au cours des cinq prochaines années, « à l'exclusion de l'information, des affaires publiques et de la radio ». Certains bulletins de nouvelles de début de soirée pourraient cependant passer de 90 à 30 minutes.

Le plan annonce aussi une baisse des investissements dans les domaines de la musique, l'information régionale (surtout anglophone) et les sports. Des investissements plus importants sont toutefois à prévoir dans la catégorie des « arts et divertissements », ce qui inclut les séries dramatiques, la culture et les variétés.

« Les émissions de divertissement aux heures de grande écoute sont celles qui génèrent le plus d'auditoires et de revenus à la télévision traditionnelle », précise le document d'une vingtaine de pages.

La société compte enfin diminuer de moitié ses espaces de bureau à travers le Canada, et diminuer son empreinte technologique, de manière à réduire ses coûts fixes d'opération. « Toutes nos ressources, il faut les investir en contenu. On ne peut plus supporter les infrastructures de production, nos édifices », a déclaré M. Lacroix.

Impuissance

Le président du Syndicat des communications de Radio-Canada, Alex Levasseur, n'a pas caché son amertume. « Même le mot triste n'est pas assez fort pour décrire le sentiment d'impuissance qui nous habite. Le personnel va subir les conséquences de ces compressions-là, mais aussi, le radiodiffuseur public voit son rôle ratatiné, rabougri à force de compressions. »

« On tourne le dos au mandat historique du diffuseur public », a dénoncé M. Levasseur.

Selon lui, les orientations annoncées mèneront tout droit à la disparition de la société d'État. « À un moment donné, on va se dire : pourquoi donc on paie pour Radio-Canada s'il fait la même chose que TVA, que Global, que CTV ? Quelqu'un va dire : on va arrêter de payer ça. »

« C'est ça la réalité. C'est vers ça qu'on s'en va. »