C'est une série radiophonique qui promet: La voix des femmes, en cinq épisodes qui vont des années 30 à aujourd'hui, et qui montrent le chemin parcouru par les femmes dans la prise de parole publique, le tout puisé à même la mine d'or des archives de Radio-Canada, dans le cadre de son 75e anniversaire.

On présentait hier en conférence de presse à Radio-Canada ce projet ambitieux lancé par Hélène Letendre, animé par Liza Frulla, et réalisé par Joanne Comte et Martin Girard, qui a demandé des centaines d'heures d'écoute pour la recherche.

Pour Anne Sérode, directrice de la Première Chaîne, il s'agit d'un «cadeau pour les jeunes générations», qui connaissent souvent peu le travail de celles qui les ont précédées. Ce que confirme Liza Frulla, qui a constaté, alors qu'elle était ministre, que les jeunes femmes comprenaient mal son enthousiasme devant les avancées de la condition féminine.

C'était une belle image, hier, de voir réunies autour de la table Liza Frulla, Monique Giroux, Johanne Prince, Catherine Perrin ou Dominique Poirier, qui ont écouté des extraits de cette émission spéciale. Des années 30, où les femmes étaient les principales auditrices de la radio le jour pendant que les hommes travaillaient, les premières voix auront été celles des Thérèse Casgrain ou Réjeanne Desrameaux.

Les années 50, décennie de la «parfaite ménagère», ont vu naître les Judith Jasmin, Michelle Tisseyre ou Jeanne Sauvé. Ça bout un peu plus dans les années 60, avec Solange Chaput-Rolland, Andréanne Lafond et Lise Payette. Mais ce sont surtout dans les années 70 - décennie forte du féminisme et de tous les «ismes» - que ça s'enflamme.

La série se terminera sur le 11 septembre 2001, car, comme le rappelle Liza Frulla, «chaque fois qu'il arrive quelque chose de grave, c'est à la femme qu'on demande de se redéfinir».

Il est important de souligner qu'on ne s'attardera pas seulement aux débats entourant la condition féminine, mais bien au moment présent tel que préservé par les archives. Les chansons, la pub et les entrevues donneront une petite idée de la «vie de tous les jours» dans la perception qu'on avait des femmes - et attendez-vous à des propos surprenants.

Enfin, les hommes ne sont certainement pas écartés de ce projet. «Parce qu'ici, les hommes ont accompagné les femmes dans cette révolution, note la réalisatrice Joanne Comte. Même si, pendant des années, on ne leur permettait pas d'être seules au micro et qu'elles devaient toujours être accompagnées d'un animateur...»

Trop peu d'extraits ont été dévoilés, mais on devine facilement que cette série ira bien au-delà de l'habituelle nostalgie que suscitent les archives. De toute façon, difficile d'être nostalgique de ces époques où prendre la parole pour une femme était difficile. On parle plus ici de documentaire, de remise en contexte, pour ne pas dire d'aide à la mémoire souvent défaillante, alors que tout ça est si proche de nous, et encore fragile.

La voix des femmes, du 31 octobre au 4 novembre, à 14h, à la Première Chaîne.