Grande plume longtemps méconnue des lettres américaines, l'écrivaine Paula Fox, auteure notamment de Personnages désespérés, est décédée mercredi à New York à l'âge de 93 ans, a annoncé sa fille Linda Carroll-Barraud au New York Times dimanche.

Cantonnée dans les années 1960 et 1970 au rôle de romancière pour la jeunesse, l'écrivaine dont les thèmes de prédilection sont la perte, l'abandon et la fuite, avait été redécouverte à la fin des années 1990 grâce à l'auteur américain Jonathan Franzen qui la considérait comme «le meilleur écrivain de sa génération».

Le roman Personnages désespérés (1970) qui met en scène le naufrage d'un couple, «m'a semblé bien meilleur que n'importe quelle oeuvre des contemporains de Paula Fox, comme John Updike, Philip Roth ou Saul Bellow», a estimé l'auteur des Corrections dans un texte qui figure en préface de l'édition française de ce roman américain.

Grâce à l'intervention de Franzen, le livre avait été réédité en 1999 aux États-Unis et connu un succès phénoménal.

La romancière, née en avril 1923, avait entamé sa carrière par des romans pour la jeunesse. Son oeuvre à destination des enfants a été récompensée en 1978 par le prix Hans Christian Andersen. Elle avait également obtenu en 1974 la médaille Newbery, qui récompense l'auteur du meilleur livre pour enfants américain, pour Le voyage du négrier, sur la traite des Noirs.

Elle a écrit plus d'une vingtaine de livres pour enfants et six romans pour adultes.

Mariée deux fois, Paula Fox a eu deux enfants et plusieurs petits-enfants, dont l'actrice et rockeuse Courtney Love.

Premier de ses romans pour adultes, Pauvre Georges! (1967) met en scène un enseignant sans envergure qui fiche sa vie en l'air en voulant remettre un voyou dans le droit chemin. La romancière s'était dévoilée dans un roman très autobiographique, Côte Ouest (1972) racontant l'histoire d'une jeune fille abandonnée à la naissance, contrainte d'abandonner ses études et d'enchaîner les petits boulots.

Parmi ses autres romans figure aussi La légende d'une servante (1984), ouvrage sur l'émancipation d'une jeune femme lui ressemblant.

En 2001, elle avait publié ses mémoires, Parure d'emprunt puis, en 2005, l'Hiver le plus froid, ses souvenirs d'un séjour dans l'Europe dévastée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

L'abandon, la filiation, le deuil et l'âpreté des relations humaines constituent le fil rouge de son oeuvre, publiée en français chez l'éditrice Joëlle Losfeld.

Abandonnée par ses parents alors qu'elle était encore bébé, Paula Fox avait été élevée par des proches parents, puis des amis, et même par le pasteur d'une petite ville, aux États-Unis et à Cuba, le pays de sa mère, avant d'être récupérée par ses géniteurs. Elle avait définitivement quitté sa famille à l'âge de 16 ans.