Voilà une offrande bien particulière que nous fait Anaël Turcotte avec Une sorte de renaissance, un premier roman sur fond de (fausse) enquête policière, se déroulant en 2153 dans un Québec rétro-futuriste retourné à l’époque de la Grande Noirceur.

Que s’est-il passé exactement pour que l’Histoire soit « bel et bien terminée », comme l’affirme à ses élèves le vieux professeur vaniteux Lord Dubuc, et que la province soit revenue à un régime féodal qui semble désormais avoir comme seule raison d’être un bonheur contenté, voire obligé ?

La réponse à cette question n’est pas centrale dans l’histoire que propose l’auteur originaire de Dégelis. Ce qu’on sait, c’est que les personnages du village de Monojoly sont convaincus d’être rendus « au bout de l’humanité », là où rien ne peut plus arriver. Tous sauf Ludmilla, jeune fille portant en elle les torrents impétueux de la révolte.

Le mystérieux meurtre d’un mouton (« un mouticide ») ébranlera le village, provoquant une débâcle qui affectera les personnages, en quête d’une vérité qui les dépasse. Un inspecteur aux méthodes douteuses tentera de faire la lumière sur cette affaire, alors que Lord Dubuc, mystérieusement disparu, est retenu en otage au fond des bois par un ermite « au visage fondant » qui tentera de refaire son éducation.

Une sorte de renaissance est portée par une écriture contrastée oscillant entre langue populaire et soutenue, servant à la mise au monde d’un univers romanesque foisonnant et inattendu, où on se perd parfois dans les dédales du récit, comme les personnages se perdent en eux-mêmes, sans prise sur une réalité au sens fuyant. Une lecture assez entraînante, mais dont la fin laisse quelque peu perplexe, comme une pensée inachevée.

Une sorte de renaissance

Une sorte de renaissance

Triptyque

208 pages

7/10