La fourmi, c’est Bernard Werber. Dans Mémoires d’une fourmi, le fantasque romancier français dissèque son enfance pour en extirper les moments-clés qui lui ont inspiré ses principales œuvres.

On y apprend notamment que le roman La guerre des boutons a influencé le cycle des Fourmis de Werber, « par sa vision décalée du monde normal qui nous entoure ». Ou alors qu’à 8 ans, une rédaction scolaire était intitulée « Souvenirs d’une puce ».

Il découvre ensuite Isaac Asimov puis l’importance du suspense, et voyage aux États-Unis, dont les mœurs militaristes lui inspirent un autre aspect des Fourmis. Jeune journaliste, il rencontre une « Lilliputienne » qui lui inspire son roman Les micro-humains. La fraîcheur de Werber, mélange de naïveté et d’iconoclasme, éclate dans toute sa splendeur dans la première moitié de cette autobiographie. Jusqu’à ce qu’il arrive au milieu de la vingtaine en fait, et commence à énumérer de manière compulsive les aléas de sa vie d’écrivain en herbe, puis à succès.

Ces descriptions mystico-minutieuses de ses états d’âme d’écrivain font écho à la division un peu artificielle du livre selon les cartes du tarot, dont le sens profond est décrit brièvement avant chaque chapitre. On apprend tout de même au passage qu’il a eu 111 réincarnations, dont seulement 11 « vraiment dignes d’être racontées car ces vies avaient participé à [son] évolution ».

Cette attention aux détails, si charmante quand elle est tournée vers les personnes rencontrées dans son enfance, devient malheureusement lourde quand elle devient solipsisme. Mais on referme le livre en se disant, tout de même, quelle imagination !

Mémoires d’une fourmi

Mémoires d’une fourmi

Albin Michel

425 pages

8/10