C’est une histoire aux airs connus que raconte Catherine Larochelle dans son premier roman, J’irai déterrer mon père : une jeune femme condamnée par le crabe qui la ronge, une famille disloquée après le suicide du père, une relation amoureuse passionnelle où s’immiscent peu à peu les doutes.

Mais avec sa plume vive et imagée (« J’ai roulé dans le stationnement du marché aux fleurs en y laissant des pétales de peau et des bouquets de cheveux »), la diplômée du Conservatoire d’art dramatique du Québec s’éloigne du cliché pour toucher à l’universel, et offre un premier effort très probant.

On y rencontre Charlie, personnage à la fois attachant, exubérant et exaspérant, qui porte encore en elle ses angoisses d’enfant. Elle est toujours en deuil de son père et terrifiée par la mort, qu’elle tente de mater à coup d’énumérations et de listes pour conjurer le sort et fixer le réel, alors que tout fout le camp.

Phèdre moderne, elle se lancera dans une course contre la mort pour libérer son père, dont le fantôme l’accompagne, de la terre où on l’a enfoui, déterminée à disperser ses cendres à tout vent. Impossible de rester les yeux secs en tournant les pages de ce roman qui, malgré son propos sombre, est aussi rempli de lumière.

J’irai déterrer mon père

J’irai déterrer mon père

Québec Amérique

232 pages

7/10