Dimanche, vers 19h30. Le feu est pris du côté de Jon Spencer, me prévenait un collègue. Ah bon? Et tout ce qu'on raconte de mesquin à propos de la tournée que le trio américain poursuit, c'est de la frime? Faudra quitter Sonic Youth pour aller constater ça de visu.

Jon Spencer Blues Explosion, le seul groupe programmé sur la scène des arbres à rire au nez et à la barbe des danseurs de la scène du Piknic. Les basses venues d'ailleurs? Quelles basses? Deux guitares dans le tapis, un batteur au jeu primitif et bruyant, rien de tel pour repousser les interférences indésirables. Oui, Spencer a explosé, offrant avec ses deux compères le concert le plus dangereux de cette 5e édition (record, avec ses 53 000 spectateurs en deux jours et trois soirs «en ville») d'Osheaga.

La foule n'était pas très dense, mais elle avait des oreilles en béton pour supporter la décharge blues garage radioactive du trio d'enfer. Spencer, qu'on disait un peu grégaire et répétitif sur scène depuis le début de l'été, avait l'air d'avoir le mors aux dents et l'arrière-train de ses détracteurs dans le collimateur. Enragé, qu'on vous dit. Il a même envoyé paître un ou deux spectateurs à la fin de sa performance, pour ensuite vanter les mérites de l'éducation scolaire (!) et nous perforer les tympans à l'aide de son theremin. Très très méchante leçon de blues rock, qui s'est conclue dans une cacophonie exutoire.

À côté de ça, Sonic Youth avait l'air bien sage, pour ce qu'on en a vu. Voilà, c'est ça : toujours bon, mais sans surprise pour qui les a déjà vus, justement. Les piliers du rock d'avant-garde avaient devant eux une mer de mélomanes, et pas que des fans de Metric ou Weezer qui attendaient leur groupe. Et, disons-le, Sonic Youth parmi les têtes d'affiches d'un gros festival comme ça, même s'ils doivent leur présence sur la grande scène grâce au désistement de deadmau5, ç'a de la classe.