François Marry est l'unique artiste français chez Domino Records, étiquette des Anna Calvi, Arctic Monkeys, Animal Collective, The Kills et autres Hot Chip. Depuis cette mise sous contrat par le prestigieux label anglais, la pop indie et bilingue de François et ses Atlas Mountains poursuit une longue randonnée en altitude européenne.

«On est ravis et d'autant plus fiers de travailler avec Domino qu'on aime beaucoup le répertoire de cette maison. En plus, elle est bien installée en Angleterre, ce qui contribue grandement à diffuser notre musique là-bas», dit François Marry, joint en Europe.

Faisons connaissance avec l'une des plus belles prises des Francos cette année.

Originaire de Saintes, en Charente-Maritime, François avait quitté sa région une décennie plus tôt, ayant trouvé un emploi de tuteur de français dans une école de Bristol. Migration on ne peut plus propice à ce qu'il est devenu: à Bristol est né le trip-hop de Massive Attack, Portishead et Tricky. La ville demeure un haut lieu des styles dub, jungle, drum 'n' bass, dubstep, bass music et plus encore.

«J'y ai vécu de 2003 à 2008, raconte notre interviewé. J'écoutais alors beaucoup de musique électronique. Mais tout était mélangé à Bristol, un style menait à un autre. Ça m'a énormément nourri, et je me suis mis sérieusement à la musique. Il y a beaucoup d'entraide entre les musiciens, des petits lieux pour se produire lorsqu'on en est à ses balbutiements.»

François Marry a lancé ses premières autoproductions en 2004. Puis, en 2009, il lançait l'album Plaine inondable sur un petit label bordelais. «C'est à ce moment-là que Domino m'a contacté. On avait bien aimé l'album, on l'a récupéré [en licence] et on m'a mis sous contrat pour les suivants.»

En 2010, l'album E Volo Love consacrait François&the Atlas Mountains sur les scènes indies d'Europe, bien au-delà de l'Hexagone. Un peu plus de trois années ont passé, et l'album Piano ombre a fait récemment l'objet d'une importante couverture médiatique chez les cousins. Profusions d'interviews et de critiques élogieuses. À notre tour d'emboîter le pas, c'est-à-dire de louer la richesse de la facture pop, la créativité des arrangements, l'équilibre entre musiques et textes. Textes bilingues, d'ailleurs, à l'image d'une portion importante de l'Europe d'aujourd'hui.

«L'anglais et le français, estime François, sont deux instruments différents. L'anglais est plus drôle pour moi, plus sexy, un peu comme une guitare électrique. Le français est plus noble dans mon imaginaire, plus narratif, un peu comme un piano classique.»

«Pop chaloupée»

Quant à la signature musicale des Atlas lointains, le principal intéressé aime à la décrire par l'expression «pop chaloupée».

«C'est un format pop chanson avec couplet et refrains, mais la recherche première est d'en créer les arrangements de manière très organique, très naturelle. Je suis dans une approche qui consiste à laisser faire, laisser les arrangements tomber d'eux-mêmes en m'abreuvant aux rencontres et aux idées qui passent. Sur les albums précédents, je faisais les arrangements seul, alors que pour Piano ombre, nous les avons faits en groupe, au gré des concerts de la tournée précédente et des sessions d'improvisation.» À ce titre, François Marry s'estime très chanceux de pouvoir compter sur ses Atlas Mountains. «À l'origine, j'avais choisi ce nom de groupe parce qu'il me faisait rêver. Ce nom a acquis une autre signification depuis. Car mon groupe est composé de personnages forts. Tous des sommets, tous complémentaires.»

François & The Atlas Mountains sera en première partie de Fauve au Métropolis. Samedi soir, 21h.