Programme double sur le mode R&B, pop et rap au Métropolis dimanche soir dernier: «l'enfant terrible» du hip hop français, Diam's, retrouvait ses fans, emmenant avec elle ce Ben l'Oncle Soul qu'elle a contribué à faire connaître depuis l'automne dernier, alors qu'elle l'invitait à assurer la première partie de la tournée française de son quatrième album, S.O.S., qui avait reçu un accueil mitigé de la presse et des fans.

Choix judicieux pour une première partie, d'ailleurs, que ce Ben l'Oncle Soul, qui a fait un tabac la veille sur une scène extérieure. Ce cabotin amoureux du soul et du R& B millésimé sixties a réussi à mettre une sacrée ambiance dans ce Métropolis qui paraissait bien morne à notre arrivée, sur les coups de 21 h.

Car il n'y avait pas foule dans la grande salle pour assister au retour de Diam's. Les billets, s'inquiétait-on depuis quelques jours, ne trouvaient pas preneur ; le parterre était loin d'être plein, l'arrière de la salle était pratiquement vide, les gradins du balcon eux, tout de même assez occupés. Le phénomène ne serait pas que montréalais ; le bilan de tournée française fait par les médias évoque une désaffection certaine pour la rappeuse, et d'aucuns n'hésitent pas à associer cette baisse de popularité à la décision de Diam's de porter le voile et d'afficher ostensiblement la religion à laquelle elle s'est convertie il y a dix ans, bien avant qu'elle ne devienne une star.

Bref, l'Oncle Soul a relevé le défi de réchauffer une salle plutôt froide avant l'arrivée de la rappeuse. Armé d'un orchestre de neuf musicien - dont deux cuivres et deux dynamiques choristes -, le jeune chanteur a ouvert le bal avec son agréable reprise du Seven Nation Army des White Stripes, avant de procéder à un maquillage peu convaincant de Crazy de Gnarls Barkley, version r & b/funk à la Stax.

Explosif et communicateur sur scène, pourvu d'une assez bonne voix, Ben l'Oncle Soul (déjà invité au Festival de jazz l'année prochaine, raconte-t-on) joue la carte rétro à fond mais n'ose pourtant s'attaquer au vrai répertoire qui a consacré cette époque bénie de la pop américaine, préférant la facilité des reprises - à cet effet, notons que Barbie Girl d'Aqua, réarrangée en vieux Motown, n'en fait soudainement pas une bonne chanson... Le gars a du talent, c'est encore plus évident lorsqu'il propose ses compositions originales, comme Soulman (une réponse française au fameux Soul Man de Sam & Dave?), enrichie d'un fameux solo de sax. On n'a surtout pas besoin d'une version soul-R&B des Lost Fingers!

Ben l'Oncle Soul a laissé une foule revigorée entre les mains savantes de Diam's, arrivée sur scène avec une vingtaine de minutes de retard pour d'abord balancer l'épique I am Somebody, la pièce de résistance de S.O.S.

Le Métropolis n'était peut-être plein qu'à moitié, mais cette moitié se faisait entendre, heureuse de retrouver Diam's. Pas moins ravie de renouer avec le Québec, la rappeuse affichait un sourire sincère en ce début de concert.

À ses côtés, un DJ, un multiinstrumentiste et trois choristes. Entre rap costaud et ballades psalmodiées sur fond de guitare acoustique et ou piano électrique, Diam's a déballé son répertoire, ses succès et les autres qui lui tiennent à coeur, donnant un visage nettement différent d'elle et de son univers que celui qu'elle présentait à sa dernière visite, avant «l'affaire du voile».

Sans revenir dans le détail du débat médiatique sur sa décision de porter le hijab, soulignons que l'artiste portait discrètement le symbole, caché sous la même casquette que portent la majorité des rappeurs... La seule allusion au sujet est survenue après une heure de spectacle, lorsque Diam's s'est assise au milieu de la scène pour causer avec ses fans, justifiant son choix de ne plus s'adresser aux médias et aux journalistes, préférant discuter directement avec les gens, via la scène ou ses disques.

Malgré tous ces boulversements dans la vie, privée et publique, de Diam's, elle a assuré dimanche soir dernier, offrant un concert plus nuancé qu'auparavant, mais toujours aussi emphatique.