Bobby McFerrin a rempli la Maison symphonique d'inconditionnels venus l'entendre chanter... et aussi chanter! Le célébrissime artiste afro-américain reprenait ainsi un projet choral les plus fédérateurs : Circlesongs, créé en 1997 et repris hier soir dans le cadre d'une tournée estivale.

On connaît les techniques innovantes du soliste, fondées sur l'improvisation, la percussion corporelle, la résonance de la cage thoracique, sans compter une banque infinie d'onomatopées que génèrent les cordes vocales, la langue, les lèvres, les joues et autres organes de la bête humaine.

Assisté des chanteurs/beatboxers/bruiteurs Joey Blake et David Worm, capables de reproduire vocalement une section rythmique, Bobby McFerrin accueillait sur scène une quinzaine de chanteuses et chanteurs regroupés au sein du Jireh Gospel Choir, fondé à Montréal en 1996 par Carol Bernard. 

Le concept de Circlesongs repose sur une méthodologie des plus singulières. Le chanteur initie un motif, que reprend ensuite une section du choeur. Puis, il en suggère un deuxième à une autre portion de l'ensemble, et ainsi de suite jusqu'à ce la superposition de couches produise une oeuvre conçue ici et maintenant.

Ainsi donc, les consignes sont imaginées et distribuées en temps réel, la polyphonie vocale s'érige devant nous, comme par magie. Les références culturelles y sont multiples : musiques sacrées européennes ou afro-américaines, musiques profanes, éléments de gospel ou de doo-wop, on en passe. Convenons que cette pratique se veut à la fois nourrissante et distrayante. 

Pour ajouter au ravissement, Bobby McFerrin et ses acolytes suggèrent à l'auditoire d'entonner à son tour de courtes phrases musicales. Le public est alors circonscrit en sections distinctes, chacune a une tâche à accomplir pour permettre l'envol des solistes sur scène.

Ainsi, l'auditoire a le sentiment d'être partie prenante de l'oeuvre. On devine d'ailleurs que plusieurs spectatrices et spectateurs se sont présentés à ce concert avec l'intention ferme d'y chanter.

Tout compte fait, ce concert immersif de Bobby McFerrin n'est pas une question de puissance vocale ou de perfection vocale, il s'agit plutôt d'une affaire de créativité individuelle ou collective. 

Mais... y a-t-il un danger de formule avec ces Circlesongs? Possible redondance? Comme dirait l'autre, « plus un cercle s'accroît, plus il donne l'impression de filer droit »...