Après Aretha Franklin, c'était au tour d'une autre légende de la musique soul de monter sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier, jeudi soir. Diana Ross, âgée de 70 ans, est venue pour la toute première fois rendre visite au public du Festival de jazz, qui a profité de l'occasion pour lui décerner cette année le prix Ella-Fitzgerald.

Au cours de ce concert qui s'inscrivait dans le cadre de sa tournée In The Name Of Love, la chanteuse a offert un échantillon de son répertoire, qui s'étend sur 55 ans de carrière.

Alors que derrière un voile transparent les percussionnistes battaient la mesure sous un magnifique jeu de lumière, Diana Ross est apparue sur scène, toute de rouge vêtue, en chantant I'm Coming Out, devenu un véritable hymne gai depuis les années 80.

Impossible de reprocher à la diva d'avoir été avare en succès en première partie de soirée, jeudi soir. C'est la crème des années 60, sa période Motown où elle chantait avec les Supremes, qu'elle a offerte en rafale avec My World Is Empty Without You, Where Did Our Love Go, Baby Love ainsi que Stop! In the Name of Love et You Can't Hurry Love, deux titres qui ont particulièrement plu aux spectateurs debout en train de danser. Alors qu'elle commençait à interpréter Love Child, elle est sortie de scène en plein milieu de la chanson, nous laissant aux soins de ses superbes musiciens, avec qui on ne s'ennuie pas un instant, pour changer de tenue. De retour sur scène en manteau de fourrure vert fluo et robe scintillante noire...

On ne pouvait rêver mieux de la part de Diana Ross, même si le public est resté relativement sage face à ces succès qui ont marqué l'histoire de la musique des années Motown.

Diana Ross a fait un petit saut dans le temps à la fin des années 70 sur The Boss, avant d'enchaîner Touch Me in the Morning, l'énergisante Upside Down, Love Hangover, Take Me Higher et Ease on Down the Road.

Elle repart en coulisse se changer pour la troisième tenue de la soirée ( Ses choristes volent la vedette pendant son absence, alors que le public semble beaucoup plus réagir à leur présence qu'à celle de la diva qui réapparaît sur une formidable performance de son saxophoniste sur The Look of Love, popularisé par Dusty Springfield, qu'on retrouve d'ailleurs sur le dernier album de Diana Ross, I Love You, sorti en 2006.

Le festival de la reprise a alors débuté. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, on s'en réjouit!

«Y a-t-il des amateurs de blues et de jazz ici?», a lancé Diana Ross avant d'entonner Don't Explain de Billie Holiday, qui nous a complètement charmés. Force est d'avouer que la voix de la diva est aujourd'hui beaucoup plus adaptée à de tels titres qu'à bien des succès de ses années Motown.

La chanteuse a ensuite poursuivi avec la sautillante Why Do Fool Fall in Love de Frankie Lymon&The Teenagers avant... d'aller enfiler sa quatrième tenue! Diana Ross, c'est aussi tout un look!

La diva a ainsi pris une courte pause de reprises pour interpréter la trame sonore du film Mahogany (Do You Know Where You're Going To) dans lequel elle était en vedette en 1975.

Le public s'est ensuite levé d'un bond pour Ain't No Mountain High Enough de Marvin Gaye et Tammi Terrell et I Will Survive de Gloria Gaynor, que Diana Ross a interprétée avec justesse, mais sans surprise pour clore la soirée, rejointe par sa fille Rhonda Ross sur scène.

Cette dernière avait d'ailleurs assuré la première partie du spectacle. On lui reconnaît quelques intonations de sa mère il y a 55 ans... fausses notes en prime! Les deux chanteuses seront de nouveau en concert ce soir à la salle Wilfrid-Pelletier.

Diana Ross a certes perdu avec les années un peu de la sensualité et de la chaleur de sa voix d'antan, mais elle a prouvé qu'elle avait toujours du soul en elle jeudi soir. Le changement dans le grain de sa voix devenue plus rugueuse a fait perdre un peu d'effervescence pop à certains de ses plus grands succès, et c'est à travers sa reprise de Don't Explain qu'elle nous aura vraiment le plus charmés au cours de la soirée. Ses trois choristes ont d'ailleurs couvert tout le long du concert les notes les plus délicates, au point qu'on avait parfois du mal à entendre la diva pousser la chanson. Mieux qu'une bande enregistrée, diront certains, mais on aurait préféré saisir complètement la voix de Diana Ross qui reste une icône soul à ne pas manquer.