Le saxophoniste québécois Rémi Bolduc, de surcroît spécialiste de l'alto, peut-il être qualifié de vétéran? Chose certaine, il a eu 50 ans le 17 juin. Et il entend bien prolonger les célébrations à l'Astral, ce soir.

«On a une heure et demie de musique à offrir et... oui, ce sera vraiment jazz. Rémi Bolduc est un jazzman, après tout. À 50 ans, je ne deviendrai pas rappeur, il est un peu tard pour me recycler!» lance à la blague le musicien, en toute sérénité.

Ce qu'il a fait jadis avec le pianiste Kenny Werner sous la bannière Tchat, il le fera aujourd'hui avec notre François Bourassa. Avec le ténor André Leroux, il reprendra des extraits de son projet 4 "1. Avec André Leroux et l'alto Jean-Pierre Zanella, il proposera des relectures de Charlie Parker, et plus encore. Il va sans dire, ses musiciens réguliers seront là pour l'appuyer: Fraser Hollins, contrebasse, André White, piano, Dave Laing, batterie.

Et que ressent-on au tournant du demi-siècle?

«On parle toujours de maturité lorsqu'on atteint la cinquantaine. C'est peut-être un cliché, mais il y a du vrai là-dedans. Personnellement, j'ai le sentiment de maîtriser mon langage, je ne me sens pas l'obligation de prouver quoi que ce soit.»

Autre facteur de fierté pour Rémi Bolduc, l'ouverture d'esprit maintenue intacte: «J'ai réussi à me rendre à 50 ans en restant ouvert. Cet été, par exemple, j'irai passer du temps à New York auprès des batteurs Dan Weiss et Ari Hoenig. Je reste à l'affût des nouvelles tendances du jazz, je ne cesse de me perfectionner. Vous savez, j'étais autodidacte jusqu'à une période récente. Mon baccalauréat et ma maîtrise, je les ai faits au cours des dernières années. Et j'évalue la possibilité de faire un doctorat afin d'obtenir un poste de professeur à temps complet. Ça fait d'ailleurs plus de 15 ans que j'enseigne à l'université.»

N'est-ce pas un paradoxe pour un jazzman, compositeur et leader, que de devoir gagner sa vie avec l'enseignement? Chose certaine, Rémi Bolduc n'a pas l'air de s'enfarger dans les paradoxes!

«Si vous voulez faire votre vie dans le jazz à Montréal, vous devez enseigner. Jouer à 50$ par soir, trois soirs par semaine, c'est impossible de durer. Il faut donc trouver le moyen de gagner sa vie tout en continuant à faire sa musique. Je n'ai pas envie de partir d'ici, je suis bien ici. J'ai de beaux enfants, une belle blonde, un condo au bout de l'île. Aller vivre à New York? Beaucoup d'appelés, peu d'élus et... il se peut que les producteurs te disent quoi faire, avec qui jouer. Ici, je fais ce que je veux.»

L'automne prochain, le souffleur d'alto partagera la scène avec le superbe pianiste Baptiste Trotignon, Fraser Hollins et Dave Laing. Très bientôt, Rémi Bolduc enregistrera un album qu'il estime audacieux, puisque les choix compositionnels seront les fruits du hasard. Qui plus est, le coefficient de difficulté s'y annonce très élevé. Y participeront le pianiste Rafael Zaldivar, le saxophoniste Chet Doxas, le tromboniste Jean-Nicolas Trottier, le bassiste Rémi-Jean Leblanc et le batteur Rich Irwin. «Un projet électrique et contemporain, quelque part entre Wayne Shorter et Steve Coleman.»

«À 50 ans, conclut Rémi Bolduc, tu sais ce que tu fais. En tout cas, moi je le sais. J'aime mon milieu de travail. Autour de moi, les musiciens se respectent. Et... dans pas si longtemps, vu mon âge, je pourrai bénéficier de plusieurs rabais!»

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Rémi Bolduc et ses invités se produisent à l'Astral, ce soir à 18h.