Avec ses neuf soirées de musique électronique en plein air et en plein hiver, en plein janvier et en pleine ville, ses DJ prestigieux, son village d'igloos et son sens de l'autodérision, c'est le retour de l'Igloofest. Organisé dans le Vieux-Port par la gang des Piknics électronicks, l'événement, qui a attiré 45 000 personnes en 2010, est littéralement hot et cool tout à la fois. Il fait froid, il fait noir? Alors, on danse...

Cette année, ils sont une gang à avoir reçu à Noël soit une Igloopass (qui permet d'assister à toute la programmation électro), soit une combinaison de ski «vintage 1980» afin de participer au célèbre «concours d'habit de neige one piece de l'Igloofest.

«Même les gens qui n'aiment pas la musique électro aiment l'Igloofest, explique Nicolas Cournoyer, directeur des opérations de l'événement qui fête son cinquième anniversaire. Quand tout le monde est habillé en hiver, on est pas mal tous pareils, ça donne une ambiance vraiment agréable et relax! Et plus ça va, plus le monde s'amuse à porter des vêtements d'hiver hallucinants, ça devient un cabaret burlesque de l'habit de neige.» La preuve est faite: le ridicule ne tue pas, il réchauffe!

Présenté pendant trois week-ends (les jeudis, vendredis et samedis, entre le 13 et le 29 janvier, de 18h30 à minuit), l'Igloofest ne cesse de grandir au fil des ans: de 4000 visiteurs qui dansaient sous les étoiles sur de la musique électro, quai Jacques-Cartier dans le Vieux-Port en 2007, ils étaient environ 45 000 à faire de même en 2010! De ce nombre, près du quart vient de l'extérieur de Montréal: c'est pourquoi, cette année, Igloofest propose carrément des forfaits à l'intention de ceux qui viennent du Québec (en collaboration notamment avec les Auberges de jeunesse), des États-Unis et de France (grâce à une entente avec Air Transat)!

À l'intention des 18 ans et plus - «c'est trop compliqué, sinon, contrôler l'âge des gens, avec les tuques, les foulards...» - la gigantesque discothèque à ciel ouvert propose une programmation particulièrement relevée, mais aussi une atmosphère étonnamment souriante et... torride. Bon, il est vrai que prendre un verre entre 18h30 et minuit dehors, tout en dansant, ça réchauffe. Et que manger à la belle étoile un hot-dog (avec choix de saucisses: végétarienne, merguez, italienne, etc.) ou une poutine, ça soutient (et ça tache pas mal moins que le chili, qui était au menu l'an dernier).

Mais c'est toute l'approche de l'Igloofest, ce soupçon d'humour un peu partout, qui fait vraiment la différence: outre son concours de one piece, l'événement vend ses fameuses tuques (faites au Québec!), tricotées dans des couleurs qui ne s'agencent avec rien, des tuques «semi-belles, semi-kitsch», pour reprendre les mots de Cournoyer. Nouveauté cette année: en plus des tuques à gros pompon, on propose un modèle «bonnet péruvien», décliné en kaki et rose ou kaki et orange fluo...

Village d'igloos

Mais les deux vraies grandes nouveautés de cette cinquième présentation portent sur le réaménagement du village d'igloos et la création d'une deuxième scène. Les organisateurs ont confié le renouvellement du village qui jouxte la scène principale à deux designers d'environnement franchement douées: Melissa Mongiat et Mouna Andraos, qui ont remporté en 2010 la bourse Phyllis-Lambert et présenté leurs projets aussi bien à Cannes qu'à Londres au cours des dernières années. Leur approche est toujours fondée sur le ludique, le plaisir, l'interactif, les sens...

«L'équipe de l'Igloofest nous a demandé de l'aider à faire un environnement plus cohérent, plus participatif, encore plus joyeux, explique Melissa Mongiat. On s'est inspirés des trois éléments qui sont l'image de marque d'Igloofest: la glace, la lumière et le feu. Et bien sûr, les igloos!» On pourrait aussi rajouter le recyclage et la réutilisation, concepts chers aux deux designers, qui préparent une exposition à Berlin, participeront à Nuit blanche, collaboreront au Musée McCord... entre autres choses.

Melissa et Mouna, aidées de leur équipe (Amélie Bilodeau, Yolène Le Roux, Chloé Payot), ont donc décidé de réutiliser les contenants qui servent à faire les blocs de glace des igloos pour construire une espèce de mur-forteresse, qui sera éclairé grâce... à la voix des spectateurs - on ne vous en dit pas plus, mais c'est vraiment drôle et chouette comme idée. «On a aussi repensé les éclairages: le site sera baigné d'une lumière d'une seule couleur à la fois, qui changera au fil des heures. Et les logos des commanditaires ont été modifiés pour devenir quelque chose de plus «expérimentiel» ...»

Une seconde scène, couverte celle-là, s'ajoute à la grande scène principale à ciel ouvert. Montée dans le village d'igloos, elle aura justement une forme d'igloo, où on pourra danser sur des mash-ups de musique électronique. Cette deuxième scène agira comme un chill out, littéralement!

«En fait, plus les années passent et plus on réalise que les gens viennent justement parce qu'il fait froid! conclut Nicolas Cournoyer. On peut accueillir jusqu'à 9000 personnes sur le site. L'an dernier, il a fait -30º, un soir: eh bien, il y avait quand même 4500 personnes qui dansaient, et le lendemain, il y en avait 5500! L'Igloofest, c'est un pied de nez à l'hiver!»

À compter de jeudi, on danse tous à Freezyland...

Igloofest, du 13 au 29 janvier, les jeudis, vendredis et samedis, de 18h30 à minuit, au Quai Jacques-Cartier dans le Vieux-Port de Montréal. Billet: 10$ par soir, plus taxes. Infos: igloofest.ca