Du 45 tours au walkman ou de la compilation CD au baladeur numérique; elles ont survécu. Nous avons voulu savoir ce qui a inspiré huit créateurs de chansons d'été marquantes pour comprendre ce qui fait qu'elles renaissent immanquablement avec l'arrivée du temps chaud.

Le refrain de Voilà l'été nous transporte sous un soleil trompeur. D'accord, on ressent bien une célébration de la belle saison, mais la chanson parle surtout de la chaleur estivale qui peut devenir insupportable par moments. L'un des plus grands succès du groupe français Les Négresses vertes, dissous en 2002, continue d'être fredonné chaque été. À la suite du décès du chanteur Helno, mort d'une surdose en 1993, le guitariste du groupe Stéfane Mellino l'a reprise sous son aile pour le plus grand bonheur des fans.

Q: Voilà l'été célèbre l'été, mais elle n'est pas que positive?

R: Cette chanson elle n'est pas aussi innocente qu'elle en a l'air. J'ai écrit la musique bien avant que les Négresses vertes existent, en 1987. Puis, l'année suivante, Helno, le chanteur, est arrivé avec cette histoire au thème aigre-doux. Cet été-là, il était resté coincé à Paris. Il n'avait pas pu partir en vacances, à la mer. Il parle du côté oppressant de la chaleur en ville. Avec cette musique entraînante, le rythme des Négresses, qui va chercher ses influences dans la musique latine et rock et des paroles au ton ironique, ç'a été l'une des premières chansons finies et l'une des meilleures.

Q: Encore aujourd'hui, il vous arrive de l'entendre par hasard?

R: C'est devenu un classique. Elle fait partie de la vie des gens. Elle ressort chaque année depuis 20 ans. C'était la chanson préférée de mes parents. Il y a quelques années, mes deux filles me disent: «On va prendre le bateau-mouche.» Au fur et à mesure que le bateau déambulait, on entend les classiques, comme Sous les ponts de Paris. Et puis, tout à coup, Voilà l'été! Les filles m'ont regardé avec de grands yeux ronds. Elles étaient surprises que la musique de papa passe dans le bateau. C'est gratifiant, d'entendre sa chanson avec d'autres classiques. Pour nous, ce n'était pas la chanson qu'on mettait à l'avant, mais malgré tout, c'est l'une de celles qui ont le plus marqué l'époque. Au début, les programmateurs radio n'en voulaient pas. Mais les gens qui ont acheté les disques ont fait pression sur les radios.

Q: Après la mort d'Helno, avez-vous osé chanter cette chanson?

R: Au début, on ne l'a pas chantée pendant quelque temps. Parce que cette chanson, c'était vraiment lui. Il avait trouvé un timbre crooner pour la chanter. Sous la pression des gens en concert, on s'est mis à la jouer et je l'ai chantée. Avec mon groupe Mellino, je la chante encore et le public chante. Ça aide à avoir tout de suite une communion avec le public, ça met tout le monde à l'aise.

Voilà l'été

Paroles: Noël Rota (Helno)

Musique: Stéfane Mellino

Extrait des paroles:

Voilà l'été, j'aperçois le soleil

Les nuages filent et le ciel s'éclaircit

Et dans ma tête qui bourdonnent?

Les abeilles!

J'entends rugir les plaisirs de la vie

C'est le retour des amours qui nous chauffent

Les oreilles, il fait si chaud

Qu'il nous pousse des envies

Qu'il le bonheur rafraîchi d'un cocktail

Les filles sont belles et les dieux sont ravis.

Enfin l'été, mais y'a déjà plus d'argent

Le Tout-Paris se transforme en phobie

Le métro sue, tout devient purulent

Dans ses souliers, le passager abruti

À dix doigts d'pied qui s'expriment violemment

Y'a plus d'amis les voisins sont partis

L'été Paris c'est plutôt relaxant

On rêve de plage

Et la Seine est jolie.