C’est le nouveau nom de l’ancien Centre d’histoire de Montréal, construit dans le Quartier des spectacles, entre le cabaret Cléopâtre et les restaurants du Central, au coin du boulevard Saint-Laurent et de la rue Sainte-Catherine. Un espace consacré à l’histoire de Montréal, mais surtout aux histoires – multiples – des Montréalais.

Dès notre entrée dans le MEM – Centre des mémoires montréalaises, l’imagerie de Montréal est mise en étalage, dans un décor à la fois ludique et convivial, qui s’inspire de la nomenclature de la Ville. « Place publique », « terrasse », « ruelle », « belvédère »…

Des enseignes lumineuses de commerces aujourd’hui disparus (comme le club 281 ou La Boîte Noire) aux panneaux de signalisation (avec un petit jeu intitulé : est-ce qu’on peut se stationner ici ?) en passant par la recréation d’un dépanneur, des œuvres murales ou encore l’exposition des boules multicolores de l’architecte paysagiste Claude Cormier (disparu récemment), le visiteur se retrouvera vite en terrain connu.

PHOTO SYLVAIN LÉGARÉ, FOURNIE PAR LE MUSÉE

Quelques enseignes du MEM – Centre des mémoires montréalaises

Il ne manque que quelques cônes orange, devenus emblématiques de la Ville, un artefact que la mairesse Valérie Plante préfère garder à l’extérieur pour le moment, mais qui sait ? Peut-être que le cône fera son entrée au MEM prochainement…

Mme Plante, qui a participé à la cérémonie d’ouverture officielle jeudi en fin d’après-midi, a fait part à La Presse de sa grande joie d’être présente dans la nouvelle demeure de ce musée consacré à l’histoire des Montréalais. Surtout, elle s’est réjouie du fait que le MEM se retrouve maintenant au cœur du Quartier des spectacles.

« Il y a plusieurs magnifiques musées à Montréal, a confié la mairesse. Mais le concept du Centre des mémoires montréalaises est très contemporain. »

J’aime beaucoup l’idée des Montréalais qui racontent leur quotidien, c’est une nouvelle façon de faire de la muséologie et ça a une valeur historique. De voir les visages des Montréalais, d’entendre leurs voix, leurs accents, je pense que les Montréalais et les touristes vont apprécier.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Les Montréalais comme témoins

Une exposition citoyenne sur Le Chaînon occupe une partie de l’espace public. Une façon de mettre en valeur les personnes qui ont contribué à la pérennité de cette maison d’hébergement pour femmes fondée il y a 90 ans. Des capsules vidéo sont mises à la disposition des visiteurs. On peut notamment écouter le témoignage de Lucie Morrissette, une femme qui a commencé à faire du bénévolat pour l’organisme à l’âge de 22 ans.

Témoignages. On entendra souvent ce mot durant la visite organisée pour les médias. Et pour cause. Le MEM – Centre des mémoires montréalaises, qui sera officiellement ouvert au public le 6 octobre, compte plus de 700 témoignages audio et vidéo de Montréalais, dont de nombreux extraits sont à notre disposition.

Une exposition temporaire (payante) intitulée Détours, rencontres urbaines nous présente 18 Montréalais qui ont des parcours atypiques et que l’on découvre grâce à de courtes vidéos. La scénographie est signée par Pierre-Étienne Locas, bien connu dans le milieu théâtral.

On y rencontre par exemple Maxime St-Denis, un vendeur de sapins du Centre-Sud, le danseur Lazylegz (Luca Patuelli), qui vit avec une maladie musculaire qui affecte ses jambes ; la propriétaire du restaurant Les Îles en ville, Ginette Painchaud ; l’artiste Kama La Mackerel, qui crée des espaces de jeu pour les artistes trans ou queer ; ou encore ces deux sœurs italiennes qui cultivent des fruits dans leur jardin et qui collaborent avec l’organisme Les fruits défendus.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Un dépanneur, typique de Montréal, a été recréé sur place.

La responsable de la culture et du patrimoine au comité exécutif de la Ville de Montréal, Ericka Alneus, présente lors de l’inauguration, a particulièrement apprécié ce segment du MEM. « C’est une expo qui nous confronte à d’autres réalités, nous a-t-elle confié. Je trouve que le MEM a quelque chose de très émouvant, qui célèbre les petites choses qui font de nous cette métropole culturelle francophone. Les gens vont sourire, ils vont rire, ils vont se retrouver et ça va permettre aux gens d’ailleurs de nous découvrir. »

Expo à venir

Mais l’élément central du MEM est une exposition permanente simplement intitulée Montréal, qui tentera de répondre à deux questions : « Montréal, c’est quoi ? » et « Montréal, c’est qui ? »

Malheureusement, cette expo (payante), qui comptera de nombreuses stations interactives avec du contenu audio et vidéo, ne sera pas prête le 6 octobre. La cheffe de section, collections, expositions et programmation, Catherine Charlebois, a indiqué que la firme avec laquelle travaillait le MEM, Halo Création, a déclaré faillite. Le musée est donc à la recherche d’un nouveau fournisseur pour terminer l’ouvrage, mais l’expo ne sera pas ouverte au public avant quelques mois.

La Presse a tout de même pu entrer dans l’espace consacré à cette exposition divisée en plusieurs sections.

Outre les témoignages oraux de Montréalais (à venir), le visiteur se plaira dans la section « Chez soi », avec des maquettes des différents types de logements que l’on retrouve en ville, mais aussi avec ces objets ou produits que l’on conservait jadis dans nos armoires.

Par exemple, les premières boîtes de pâtes Catelli, les pots de beurre d’arachide épicé Manba, le livre de recettes de Jehane Benoît, des sacs de papier Steinberg ou encore des archives de journaux.

Autre section amusante : des objets de notre mémoire collective qui seront intégrés dans un spectacle « son et lumière ». On y aperçoit notamment le logo du métro de Montréal, un chandail du Canadien de Montréal, une boîte à lunch aux couleurs d’Expo 67, une affiche du parc d’attractions Belmont, Victor, la mascotte du festival Juste pour rire, un drapeau arc-en-ciel, etc. Bref, autant d’artefacts qui font partie de la collection de quelque 10 000 objets du MEM.

Une sélection de photographies représentant des lieux emblématiques de la métropole a été faite par des Montréalais. On verra ainsi défiler autour de nous, dans un espace circulaire, des photos géantes de ces lieux. Enfin, une immense œuvre sculpturale intitulée Les constellations de l’hippocampe a été réalisée par l’artiste Raphaëlle de Groot, qui s’est inspirée du fonctionnement de la mémoire.

Visitez le site du MEM – Centre des mémoires montréalaises