Surprise. On connaissait de la journaliste Sophie Fontanel les drôles de chroniques qu'elle signe dans le Elle français.

Dans Grandir, elle touche à quelque chose d'universel, de fondamental, avec une profondeur et une justesse qui vont droit au coeur.

Dans une langue toute simple, claire et lumineuse, elle raconte une histoire qu'on soupçonne intime: la prise en charge d'une mère âgée et dépendante. Et surtout, comment cette expérience l'a transforme malgré elle, quadragénaire sans enfant qui pensait placer la liberté au-dessus de tout.

«Laisse-toi chambouler, lui conseille un ami, ce qu'elle est en train de parfaire, c'est ton éducation.» Une mère reste une mère, même diminuée, invalide ou à la mémoire trouée. Avec humour, Sophie Fontanel livre une très belle réflexion sur la vieillesse, la peur de la mort, les déchirements et la culpabilité propres aux relations mère-fille - «Rien ne la contrarie plus que mes sacrifices» -, la vulnérabilté qui nous guette tous. Comment pourra-t-on un jour s'en remettre à notre tour à la bienveillance d'autrui?

On sent aussi une affection énorme pour cette vieille dame moderne, qui se redresse sur son lit pour lui asséner ses quatre vérités: «Comment ça, tu ne sors pas? (...) Dis donc, tu ne vas pas te désintéresser de la vie juste quand ta mère en voit la valeur? (...) Et du côté des hommes, on n'a rien?»

____________________________________________________________________________

* * * *

Grandir. Sophie Fontanel. Robert Laffont, 145 pages