«Sans Richard, je n'aurais jamais fait d'exposition», lance Diane Dufresne. Cette phrase résume la force de tout l'amour et la créativité qui unissent la chanteuse et le sculpteur et scénographe Richard Langevin. Autant elle a besoin de lui, autant elle est sa muse.

Mur à Mur, présentée jusqu'au 9 mai 2010 à l'Espace Création Loto-Québec, est la première exposition qui réunit l'art des deux amoureux. «J'ai eu l'honneur de marier nos visions des choses», explique Langevin.

L'artiste visuel a «mis en scène» les toiles de Diane Dufresne. «Le sculpteur prend une matière première et travaille avec. Là, ma matière première, ce sont les images et les couleurs de Diane. Je voulais faire éclater ses toiles», explique Richard Langevin, reconnu pour ses installations multimédia.

Mur à Mur comprend une quarantaine d'oeuvres réunissant 170 tableaux et dessins de Diane Dufresne, sur toiles, mais aussi sur coussins et housses qui «habillent» des costumes de scène. Langevin en a fait des toiles lumineuses avec des jeux d'éclairage, ou encore des sculptures de cubes. «Je voulais faire de l'art en montrant son monde à elle», explique-t-il.

Langevin a réussi à utiliser au maximum le potentiel de l'espace tout de même restreint chez Loto-Québec. Dans une section, intitulée Picassiettes, 18 oeuvres de Dufresne - des portraits surtout - remplissent un mur. Une autre s'intitule Quick Change. Le visiteur est invité à passer derrière un rideau. Il se retrouve à l'intérieur d'une sorte de loge, où l'on présente des montages vidéo de Diane Dufresne, dans les coulisses de son dernier spectacle.

Ici et là dans l'exposition, il y a des extraits du livre que la chanteuse a publié cet automne, Mots de têtes, dont celui-ci: «Intégrer de plus en plus ma peinture aux projets de scène et d'écriture m'apporte une dynamique nécessaire pour me renouveler.»

Mur à Mur rend justement hommage aux «trois» Diane Dufresne: la peintre, la femme de scène et l'écrivaine. Langevin a voulu montrer toutes les facettes artistiques de sa muse, enrobant le tout avec le côté «performance» et «événementiel» qui la caractérise.

Folie vs structure

Diane Dufresne a appris la peinture avec le Frère Jérôme, grâce à qui «elle n'a pas peur de sa créativité». Si elle vient de l'école des automatistes, son amoureux a étudié aux beaux-arts. «Moi, c'est l'instinct, Richard c'est l'école», dit-elle. «Notre exposition, c'est ma structure et la folie de Diane dans le geste et les couleurs», opine Richard Langevin.

Diane Dufresne rappelle que «la définition de l'art dans le dictionnaire, c'est une faculté de faire quelque chose». Dans le hall de l'édifice de Loto-Québec, il y a une première oeuvre qui s'intitule J'm'encabane, qui réunit des dessins faits par le public, à la demande de la chanteuse lors de sa tournée Effusions.

«Je suis contente de l'apport du public. Comme avec mon livre, je veux que l'expo invite les gens à être créatifs. Le Frère Jérôme disait souvent: tout le monde peut peindre. On a tous un sens artistique. Pour moi, l'exposition est un grand privilège», conclut-elle.