L'enquête du vérificateur général du Québec qui a mené au départ de l'ancien président-directeur général de la Société des entreprises culturelles du Québec (SODEC), Jean-Guy Chaput, a coûté à l'État 235 277 $, a appris La Presse.

Plongé dans la controverse il y a plus d'un mois en raison de ses dépenses qualifiées de «somptuaires» par le vérificateur général, Renaud Lachance, M. Chaput a été démis de ses fonctions à la tête de la SODEC par le conseil d'administration de l'organisme. Dans son rapport, M. Lachance révélait notamment que l'ancien PDG avait séjourné dans une chambre à 1330 $ la nuit à l'occasion de son passage au Festival de Cannes.

Il a également souligné qu'au cours des cinq dernières années, sous le règne de M. Chaput, les frais de déplacement des représentants de la SODEC étaient passés de 212 000 $ pour l'année 2003-2004 à 390 000 $ l'an passé. À lui seul, le dirigeant avait dépensé 48 000 $ en 2008.

Or, selon des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, la facture des travaux de vérifications effectués auprès de la SODEC ainsi que du côté de son commissariat européen entre le 15 janvier et le 21 mai 2009 - soit le jour du dépôt du rapport à l'Assemblée nationale - s'élève à 235 277 $. Cette somme comprend les frais de déplacement de deux employés dépêchés en France pendant une semaine (8884 $). Au Québec, six personnes ont également travaillé au dossier. Dans la province, les frais de déplacement liés à cette vérification totalisent 35 079 $. La vérification visait à passer au peigne fin les dépenses ainsi que les frais de déplacement et de représentations des représentants de l'organisme pour vérifier qu'ils soient conformes «aux principes de saine gestion».

Interrogée sur les coûts engendrés par cette vérification, dont les travaux couvraient les exercices financiers de 2006-2007, 2007-2008 et les 10 premiers mois de l'année financière 2008-2009, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre affirme qu'elle «ne regrette absolument pas» d'avoir demandé qu'une enquête soit menée à ce sujet. «Je pense que le vérificateur général est là pour faire un travail et, lorsqu'on lui demande de faire une recherche, une enquête, c'est parce qu'il y a des éléments sur lesquels on se pose des questions, mentionne-t-elle. C'était important de faire la lumière sur ce dossier et, si c'était à refaire, je referais la même chose. Les contribuables s'attendent à ce que les ministres soient responsables.»

Du côté du Parti québécois, la députée Agnès Maltais estime également que la lumière devait être faite. Elle souligne néanmoins que cette vérification aurait pu être évitée si les libéraux n'avaient pas tardé à réagir. Selon elle, les dépenses «somptuaires» de M. Chaput n'étaient un secret pour personne. «Tout le monde le savait, affirme-t-elle. Il aurait été plus facile de régler le problème que d'attendre deux ans.»

En plus des dépenses engendrées par la vérification, le départ de Jean-Guy Chaput coûtera 108 462 $ aux contribuables. En effet, bien que l'ex-président-directeur général ait été démis de ses fonctions au sein de la SODEC avant la fin de son mandat prévue en octobre, il est présentement à l'emploi du ministère de la Culture.

En plus d'un salaire de 48 205 $ pour quatre mois de travail, il recevra une indemnité de départ de 60 257 $. Le gouvernement Charest a décidé d'agir ici pour éviter que toute cette histoire se retrouve devant les tribunaux.

Rappelons que le jour du dépôt du rapport, M. Chaput se trouvait toujours à Cannes. De retour à Montréal, il a fait une sortie fracassante devant les médias et s'est défendu bec et ongles pour rétablir sa réputation. Il avait alors évoqué la possibilité de poursuivre le gouvernement. Malgré tout, le conseil d'administration de l'organisme a recommandé il y a quelques semaines sa destitution. Gilles Corbeil, affecté à la direction du disque au sein de la SODEC, assure maintenant l'intérim à la tête du CA. Le successeur officiel de M. Chaput sera connu l'automne prochain.

- Avec la collaboration de William Leclerc