Par où commencer pour expliquer le phénomène des Kardashian, cinq soeurs californiennes qui engrangent actuellement des montagnes de dollars en ne déployant aucun talent en particulier?

Par la fin de cette histoire uniquement possible à Hollywood. Kim Kardashian, la plus connue des cinq soeurs, a gagné 18 millions de dollars entre mai 2011 et mai 2012, ce qui la catapulte au premier rang des stars de téléréalité les mieux payées. La voluptueuse brunette de 31 ans, qui vaut plus de 40 millions selon le magazine Forbes, fréquente le rappeur Kanye West. À deux, ils forment un puissant empire médiatico-artistique, qui nourrit le Us Weekly et un épisode sur deux de TMZ.

Plus de 15 millions de personnes - presque le double de Kanye - suivent Kim Kardashian sur Twitter. En tant que reine de l'autopromotion, Kim empocherait, en vertu de diverses ententes publicitaires, jusqu'à 10 000$ par gazouillis qu'elle publie sur le populaire site de microblogage.

Vraiment, nous vivons dans une époque à la fois fascinante et déprimante, où une vidéo porno maison propulse de purs inconnus vers les sommets du showbiz. C'est exactement ce qui est arrivé à Kim Kardashian en février 2007. Une captation privée de ses ébats sexuels avec le rappeur Ray J a été achetée puis commercialisée par les studios Vivid Entertainment, spécialisés dans le XXX. Après avoir menacé de poursuivre, Kim Kardashian, que personne ne connaissait à l'époque, a préféré encaisser un juteux chèque de cinq millions en échange de son autorisation que la vidéo demeure en circulation.

Six mois plus tard, la chaîne E! programmait Keeping Up With the Kardashians, sorte de version moderne de la famille Brady mettant en vedette la plantureuse Kim, ses soeurs Khloé, Kourtney, Kendall et Kylie, ainsi que leur maman, Kris, qui est aussi leur pimp, euh, pardon, leur imprésario.

Un monstre à multiples têtes a ainsi été mis au monde. L'animateur Ryan Seacrest, qui coproduit la téléréalité, a offert toutes ses tribunes aux Kardashian, qui les ont généreusement occupées. Avec quoi? Pas grand-chose. Du potin, majoritairement. Car les Kardashian ne chantent pas, ne dansent pas et ne jouent pas dans des sitcoms. Elles posent pour les caméras et distillent des détails de leurs vies amoureuses, c'est à peu près tout.

En même temps, et c'est ici que réside leur formidable sens des affaires, les Kardashian ont réussi là où 99% des stars de la téléréalité échouent lamentablement: elles durent, comme le lapin Energizer. Et elles ont transformé leur petite notoriété télévisuelle en un gigantesque empire qui leur imprime des liasses de dollars.

Aujourd'hui, la marque Kardashian, qui a généré près de 70 millions de revenus en 2010, se décline en vêtements (la Kardashian Kollection pour Sears), en poupées, en livres, en bijoux et aussi en parfums. En août 2011, le mariage éclair de Kim Kardashian avec le basketteur des Nets du New Jersey, Kris Humphries, a rapporté 17 millions en droits divers: émissions exclusives sur E! , photos vendues au magazine People, commandites, etc.

Scindé en deux tranches de deux heures, le mariage de Kim et Kris a été suivi par un total de 10,5 millions de personnes, ce qui en a fait l'évènement télévisuel le plus populaire de l'histoire de E!. Soixante-douze jours plus tard, le couple se séparait. Kim a peut-être retourné la bague à son jules, mais elle a conservé tout l'argent que cette union stratégique lui a rapporté.

Je l'avoue, je regarde Keeping Up With the Kardashians. Dans ce genre très précis, c'est un produit extrêmement bien ficelé. Et les fidèles de cette téléréalité sont loin d'être des cruches. Selon la firme Nielsen, Keeping Up With the Kardashians plaît particulièrement aux jeunes femmes célibataires, avec un diplôme universitaire, qui gagnent plus de 60 000$ par année. Bref, le paradis pour les annonceurs.

Le succès de Keeping Up With the Kardashians a engendré des dérivés télévisuels comme Kourtney and Kim Take New York, Kourtney and Khloé Take Miami ainsi que Khloé and Lamar, qui s'immisce dans le couple formé par Khloé Kardashian et Lamar Odom, basketteur pour les Clippers de Los Angeles.

L'arbre généalogique touffu des Kardashian leur apporte de la visibilité sur une kyrielle de plateformes. Kim, Khloé, Kourtney, Kendall et Kylie ont toutes la même mère, Kris. Par contre, le père de Kim, Khloé et Kourtney est le célèbre avocat Robert Kardashian, qui a fait acquitter OJ Simpson dans les années 90, tandis que l'athlète Bruce Jenner, gagnant du décathlon aux Jeux olympiques de Montréal en 1976, est le papa des deux plus jeunes, Kendall et Kylie.

Soyez attentif ici, car ça se complique. De ses deux mariages précédents, Bruce Jenner a eu quatre enfants, dont les «célèbres» Brandon et Brody Jenner, vedettes de leur propre téléréalité The Princes of Malibu. Brody Jenner a ensuite fait partie de The Hills sur MTV.

Les Jenner et les Kardashian font partie de cette caste de gens «célèbres parce qu'ils sont célèbres». Et n'allez pas croire que leur manque de talent joue contre eux. Au contraire. Cela les rendrait encore plus accessibles aux yeux du public.

Car pour être Adele ou Beyoncé, il faut savoir bien chanter. Mais pour être une Kardashian, il faut simplement savoir se mettre en scène. Et montrer son bon profil à la caméra.

Je lévite

Avec Lights d'Ellie Goulding. Une chanson d'électro-pop accrocheuse, ensoleillée avec une touche de vulnérabilité que l'on entend dans la voix cristalline de cette jeune chanteuse britannique. Une pièce parfaite et en cinquième place du Billboard pour les soirées de terrasse.

Je l'évite

Les fautes d'orthographe sur Twitter. Chère vedette du showbiz québécois. Tu possèdes un compte Twitter? Super. Maintenant, pourrais-tu arrêter de faire des fautes de français aux trois mots? C'est vraiment désagréable pour les yeux. Et cela nous fait découvrir une partie de toi que l'on n'aime pas beaucoup. Merci.

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