«Yamada-kun a franchi le portique d'accès au quai de la ligne Odakyu à la gare de Shinjuku à 16h35».

«Yamada-kun a franchi le portique d'accès au quai de la ligne Odakyu à la gare de Shinjuku à 16h35».

Avec ce message reçu par courriel sur son téléphone portable, la mère du garçonnet sait que son chérubin est sorti de l'école et qu'il va grimper dans un wagon. Elle est rassurée et bénit la technique.

«Maman Yamada» est une des utilisatrices enchantées d'un service que la compagnie ferroviaire tokyoïte Odakyu et plusieurs autres de la région du Kansaï proposent aux parents.

Il permet de suivre quasiment en temps réel leurs petits sur le chemin de l'école. Et ce, grâce à leur carte de train urbain.

«Lorsque l'enfant passe les portillons d'accès aux quais, le numéro, unique, de son titre de transport est lu et un message est alors envoyé à l'adresse électronique mobile d'un de ses parents», explique Toshinobu Ogawa, directeur de projet de la société d'électronique Omron, spécialiste des portillons et conceptrice du système.

Des lecteurs de carte de train simplifiés, installés à l'entrée des écoles partenaires, déclenchent également l'envoi d'une alerte par courriel.

Pour bénéficier de ce service gratuit sur inscription, les enfants doivent posséder un abonnement à la compagnie ou une carte à puce sans contact.

«Le message est adressé au mobile dans les vingt secondes suivant le franchissement d'un portique, quel qu'il soit, où qu'il soit dans une des stations desservies par les lignes concernées», précise M. Ogawa.

Ainsi, si le petit Yamada-kun descend au mauvais arrêt et va rôder à la périphérie d'une gare qu'il n'a a priori pas à fréquenter, sa mère est immédiatement avertie.

«De même, si la mère est sortie faire des courses et qu'elle est informée que son fils est arrivé à la station près de la maison, elle va presser le pas pour être de retour en même temps que lui», indique M. Ogawa.

«Elles trouvent cela non seulement rassurant, mais aussi pratique», assure l'inventeur du dispositif.

Bien que la délinquance au Japon soit extrêmement faible, plusieurs affaires sordides et hyper-médiatisées d'enlèvements et assassinats d'enfants ont fait récemment frémir la population.

Autrefois peu inquiets de laisser leur gamin de six ans circuler seul matin et soir en métro, les parents se font aujourd'hui du souci.

D'où l'attrait grandissant pour ce type de services, devenus le nouvel argument publicitaire des opportunistes champions de la technique et des sociétés de sécurité.

Les parents applaudissent, selon M. Ogawa.

Avant la mise en place de cette offre, Odakyu l'a testée auprès de 2000 personnes. Résultat de l'enquête: 98% ont déclaré se sentir davantage rassurées.

Et les enfants, qu'en pensent-ils?

«Les plus petits, ceux qui sont au primaire, ne sont pas forcément informés», indique M. Ogawa, «en revanche, les collégiens, plus matures, doivent donner leur accord».

«Nous avons conçu ce système parce que les familles l'ont souhaité», insiste-t-il.

Elles le préfèrent, selon lui, à la solution consistant à confier à leur rejeton un téléphone portable avec une fonction de localisation, estimant qu'avant l'adolescence, un mobile n'est pas nécessaire.

Très confiants dans les technologies, les Japonais voient d'abord en elles un outil à leur service.

Face au «bénéfice d'usage», les hypothétiques aspects négatifs (utilisation de données à leur insu et autres formes d'atteinte à la vie privée) ne constituent pas leur principale préoccupation en dépit des risques grandissants de détournement d'informations à des fins malhonnêtes.