Pour quiconque veut se faire connaître aujourd'hui, la présence sur internet est devenue indispensable. C'est vrai pour les entreprises, les universités, les ministères. Les municipalités de la région ne sont pas en reste. Mais si certaines possèdent un site dynamique et moderne, d'autres sont restées au Moyen Âge d'internet. Petite excursion sur la grande toile.

La plupart des municipalités de la région, même les plus petites, ont compris l'importance d'être présentes sur le net. Toutefois, pas à n'importe quel prix. En fait, la majorité d'entre elles consacrent peu d'argent à leur site internet. Et peu de temps.

La Voix de l'Est a demandé à Oui marketing et PHPCreation, deux entreprises granbyennes spécialisées dans la conception de sites internet, d'analyser la visibilité sur le web de 12 municipalités de la région. La présentation visuelle, le contenu ainsi que la facilité de trouver l'information désirée ont été étudiées.

«Si j'ai une critique à faire, c'est que les villes se vendent mal», affirme sans détour le président de Oui marketing, David Proulx. Certes, les citoyens peuvent trouver beaucoup d'informations sur le site internet de leur municipalité. Mais pour ce qui est de faire la promotion de leur ville afin d'attirer de nouveaux arrivants, les municipalités échouent toutes, tranche M. Proulx.

«Un résidant, c'est une part de marché. Quand on va chercher un citoyen, c'est une autre ville qui ne l'a pas. Et avec les taxes de bienvenue qu'amènent les nouveaux citoyens, c'est facile de payer l'investissement fait pour développer son site internet», ajoute-t-il.

Et de façon générale, l'image compte plus que le contenu, selon Sylvain Sénécal, titulaire de la Chaire de commerce électronique RBC groupe financier à l'École des Hautes études commerciales de Montréal.

«Si un site est médiocre, et peu dynamique, est-ce que ça donne le goût de s'y établir? Si un site est accueillant, c'est sûr qu'il gagne des points. Le marketing, c'est une question de perceptions.»

Pour M. Sénécal, une ville ne devrait pas penser autrement qu'une entreprise. «Les entreprises ont trois objectifs avec leur site internet: attirer les visiteurs, les convertir en acheteurs, puis les faire revenir sur le site. Mais pour avoir vu quelques sites de municipalités, je ne crois pas qu'elles aient ces préoccupations. Pourtant, une Ville a des services à vendre.»

Ce dernier ajoute que tout commence avec le web, maintenant. «Quand on cherche une information, le réflexe c'est d'aller sur internet.»

Shefford, un modèle

Des 13 municipalités ciblées pour l'étude, Shefford est celle qui a le plus investi au cours des dernières années. L'élaboration du nouveau site mis en ligne en août 2007 a coûté 25 000 $.

En août prochain, le maire de Shefford, Yves Gosselin, et les conseillers municipaux feront le point sur leur investissement afin de savoir si le jeu en a valu la chandelle. «Mais je suis sûr que c'est une bonne dépense. Il faut être présent là où les gens le sont et c'est sur le web qu'on les trouve», assure M. Gosselin.

David Proulx est le concepteur du site. Pourquoi 25 000 $? Qu'est-ce qui coûte si cher dans la création d'un site? «Tout dépend des options désirées», réplique-t-il.

Dans le cas de Shefford, l'autonomie dont bénéficient les gestionnaires pour effectuer les mises à jour quotidiennes de leur site a fait grimper la facture. Mais la dépense en vaut la peine, dit M. Proulx. «Faire un beau site, c'est le premier pas. Ensuite, on doit le faire vivre. Si c'est compliqué de changer une virgule, l'administration n'ira jamais changer quoi que ce soit.»

M. Proulx trouve regrettable que plusieurs sites consultés au cours de cet exercice ne soient pas entretenus. «On voit qu'il y a un effort pour mettre de l'information sur leur site. Ce n'est pas assez. Il y a des sites où le balai est passé, mais où le toit coule, où les tapisseries tombent. Il ne faut pas seulement bâtir un site, il faut aussi prévoir des mises à jour.»

Et si une ville compte être crédible sur le web, il est dans son intérêt d'avoir un site à jour, dit Catherine Lamy, directrice de projet au Centre francophone d'informatisation des organisations. «Un site peut perdre toute crédibilité si l'information est dépassée.»

L'installation d'un compteur est également une dépense qui peut être intéressante pour une municipalité. Cet outil permet de connaître le nombre d'allées et venues sur son site. Des 13 municipalités scrutées, seules Bromont et Sutton ont été en mesure de fournir des statistiques sur la fréquentation de leur site. «Nous avons 700 internautes par jour qui consultent en moyenne quatre pages», note Robert Clermont, responsable du site internet de la Ville de Bromont.

L'argent, le nerf de la guerre

Aucune autre ville évaluée n'a injecté, récemment, une somme aussi importante que Shefford. Certaines municipalités, Waterloo et Farnham notamment, n'ont d'ailleurs rien déboursé du tout. Les autres y ont consacré entre 2000 $ et 3000 $ pour l'élaboration d'un site.

À Waterloo, le site internet repose sur le bon vouloir de la conseillère municipale Denise Lauzière. Celle-ci s'occupe de mettre à jour le site actuel en plus de travailler à l'élaboration du futur site. Mme Lauzière n'a jamais suivi de formation pour concevoir un site web. Elle a appris sur le tas.

La conseillère ne touche aucun salaire additionnel pour assumer cette tâche. «C'est à même mon salaire de conseillère. Nous sommes une petite municipalité, nous n'avons pas beaucoup de personnel. Et nous n'avons pas d'argent pour engager une firme», nous a-t-elle expliqué.