La fin des crédits d'impôt aux technos laisse la place à une nouvelle génération d'investisseurs.

La fin des crédits d'impôt aux technos laisse la place à une nouvelle génération d'investisseurs.

Les prochaines années seront critiques pour les technos québécoises.

La fin des crédits d'impôt accordés au secteur des TIC signale la fin de la récréation pour plusieurs entreprises, qui devront revoir leur modèle d'affaires. Dans ce contexte, une nouvelle génération d'investisseurs, qui n'hésitent pas à investir temps et argent, est à la recherche de la bonne affaire.

Le nouveau réseau Anges Québec, un organisme à but non lucratif visant à faire le pont entre les investisseurs en capital-risque et les entrepreneurs visionnaires, en témoigne. «Depuis moins d'un an, on constate un retour de l'investissement privé dans l'innovation», affirme Martin Duchaîne, porte-parole d'Anges Québec. «Tant dans les TIC que dans l'énergie ou l'environnement, on a atteint une masse critique de petites entreprises qui en fait des secteurs émergents très prometteurs.»

Les entreprises qui profitent des crédits d'impôt accordés par le gouvernement dans la Cité du multimédia ou du commerce électronique devront revoir leur modèle d'affaires. «Quand les crédits vont cesser, beaucoup de ces entreprises vont déménager», croit Richard Bruno, président et directeur général de MSBi Capital. «La question qu'il faut se poser est: combien de ces entreprises se qualifieraient pour obtenir du financement, comme du capital-risque ? Une sur 200 ?»

«Avec les anges, c'est différent, continue-t-il. Ils agissent aussi comme des mentors et peuvent aider les entrepreneurs à trouver le financement adéquat pour sauver leur entreprise et la rendre plus profitable.»

Des anges financiers

Ceux que MM. Duchaîne et Bruno appellent des anges sont en réalité des entrepreneurs qui possèdent un capital suffisant pour ne pas craindre d'investir, à haut risque, une somme tournant autour d'un million de dollars. Ces investisseurs possèdent aussi une expérience qu'ils n'hésitent pas à partager avec les deux ou trois entreprises dans lesquelles ils mettent de l'argent.

Ils sont peut-être peu connus, mais ils sont une source de capital aussi importante que les grandes institutions publiques, sinon plus, assure Richard Bruno. «En faisant un rapport pour Industrie Canada, j'ai réalisé qu'il y avait des milliers d'anges financiers au Québec, mais qu'ils n'étaient pas regroupés. Pourtant, ils investissent déjà annuellement plus de deux cents millions de dollars. Avec un regroupement comme le réseau Anges Québec, ils augmentent l'efficacité de leur investissement et en réduisent le risque. Si le risque est réduit, ils vont investir davantage, peut-être 400 millions!»

Ces anges comblent un vide entre les besoins de petites entreprises technologiques et l'investissement institutionnel, ou public, parfois plus frileux. Comme eux, par contre, ils s'attendent à ce que l'entreprise qu'ils financent leur procure un certain rendement.

«Quand on investit, on veut que l'entrepreneur comprenne que l'investissement le plus important qu'il va obtenir vient de ses clients. Le capital-risque qu'on fait, c'est un accroc dans son parcours», confirme Michel Brûlé, président d'Investissement M & M, qui cadre parfaitement dans la description d'un ange financier.

C'est un problème que perçoit aussi Sylvie Gagnon, directrice générale de l'organisme TechnoCompétences. Une étude de l'organisme publiée la semaine dernière révélait que la majorité des entreprises qui profitent de ces crédits ne sont pas encore prêtes à la fin annoncée de ces crédits, entre 2010 et 2012. «Il va y avoir des fermetures d'entreprises, des fusions et des acquisitions. Les investisseurs privés vont être très sollicités. Ça va être intéressant pour eux», dit-elle.

Sauf que pour que ce soit intéressant, il faudra aussi que ce soit profitable. Les investisseurs sont déjà à la recherche de la perle rare. Les petites entreprises qui aimeraient en profiter n'ont qu'à parler aux anges.

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