Faut-il emprunter – ou réintroduire – l’avenue des prêts hypothécaires à taux fixe à long terme ?

« Vos lecteurs ont raison de dire que ça avantage les emprunteurs, dit François Des Rosiers. Ça permet de réduire les risques qu’un ménage ne puisse pas payer s’il y a une hausse de taux. »

À la Banque du Canada, on nous a renvoyé à une allocution prononcée en 2019 par Stephen Poloz, alors gouverneur de l’institution.

Il invitait à une réflexion sur les façons de rendre le marché hypothécaire canadien plus flexible.

Il existe d’excellentes raisons pour lesquelles il serait utile de recourir davantage aux prêts hypothécaires de plus long terme. Du point de vue du consommateur, ce type de prêt permet de réduire les risques de renouveler à un taux d’intérêt plus élevé.

Extrait d'une allocution prononcée en 2019 par Stephen Poloz, alors gouverneur de la Banque du Canada

« Évidemment, le taux d’intérêt sera alors plus élevé, mais certains acheteurs pourraient être disposés à payer plus cher pour réduire leur risque. Sans compter qu’un tel prêt hypothécaire pourrait ne pas coûter beaucoup plus cher à long terme, selon ses particularités et les pénalités en cas de remboursement anticipé. À tout le moins, nous pourrions en faire davantage pour renseigner les gens sur les prêts hypothécaires de plus long terme. De fait, bien des personnes à qui je parle ne savent même pas qu’ils existent. »

De surcroît, un plus long terme permettrait au propriétaire d’accroître davantage la valeur nette de sa propriété avant le prochain renouvellement.

Éliminer les pénalités ?

« Cette valeur accrue lui offre plus d’options au moment du renouvellement, soulignait le gouverneur. Par conséquent, plus le terme initial du prêt est long, moins un test de résistance fondé sur un scénario de taux hypothécaires [plus élevés] est nécessaire. Autrement dit, les prêts de long terme déplacent les risques partagés par le prêteur, l’emprunteur et le système dans son ensemble. »

Mais devrait-on éliminer les pénalités imposées lors du rachat d’un contrat hypothécaire en cours de terme ? François Des Rosiers se montre plus circonspect.

« Si vous ne mettez aucune pénalité pour le rachat d’hypothèque quand les taux baissent, c’est une autre mesure qui avantage les ménages et pénalise les banques, dit-il. Jusqu’où veut-on aller ?

« Ce qu’il faut faire valoir là-dedans, c’est que c’est un choix social au niveau du partage du risque. »