En attendant de savoir si elle sera reconnue coupable d’un stratagème frauduleux par le comité de discipline de l’OACIQ, Christine Girouard, la courtière immobilière vedette de l’émission Numéros 1 à CASA, offre du coaching en immobilier à des courtiers.

Dans une story publiée cette semaine sur son compte Instagram, Christine Girouard mentionne la forte popularité de ses formations. « Je vais débloquer la semaine prochaine, parce que cette semaine, c’est déjà complet », dit-elle en s’adressant à la caméra coiffée d’un casque d’écoute avec microphone.

« Ça va vite, donc quand je vous écris une heure, si vous êtes capable de me répondre rapidement, parce que, des fois, la personne me répond quelques heures après et je l’ai déjà donnée à quelqu’un d’autre », explique celle dont le permis de courtage est suspendu depuis le 19 juillet 2023 et qui n’est plus membre de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).

Dans une publication sur Instagram, qui a été portée à l’attention de La Presse par des courtiers immobiliers, Mme Girouard précise que des courtiers lui ont écrit « pour du coaching ».

« Je suis sincèrement reconnaissante et flattée… », écrit la courtière vedette, qui a avoué à la caméra de l’émission Numéros 1 avoir menti en direct à un courtier collaborateur dans l’intérêt de sa cliente.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE D’INSTAGRAM

Christine Girouard mentionnant la forte popularité de ses formations dans une story

Des formations légales, même sans permis

Même si son permis d’exercice est suspendu, aucune loi n'empêche Mme Girouard de donner des formations.

« Selon les captures d’écran que vous nous avez envoyées, offrir ces services de “coaching” ne constitue pas un acte de courtage, soutient l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ). Une personne n’ayant pas de permis valide de courtage immobilier peut offrir de tels services. »

L’organisme invite cependant le public à la plus grande prudence.

Une personne n’ayant pas de permis de courtage immobilier n’a pas à suivre de formation continue et pourrait ne pas être au courant de tous les récents changements à la Loi sur le courtage immobilier et ses règlements, ni des meilleures pratiques à adopter.

L’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec

Aucune mise en garde

Est-ce que l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) et les enseignes connues de courtiers immobiliers interdisent à leurs membres de suivre ce type de formation donnée par une courtière suspendue ?

La porte-parole de l’APCIQ étant en voyage à l’étranger, l’organisme n’a pas pris position. Par courriel, elle indique que « l’APCIQ ne fait pas la promotion d’autres activités de formation que celles qu’elle offre via son programme de formation pour l’obtention des unités de formation continue (UFC) de ses membres. Toutes formations donnant droit à des UFC sont approuvées par l’OACIQ ».

Sutton et Royal LePage n’ont pas répondu à notre demande.

Sans se prononcer sur une mise en garde contre du coaching offert par une courtière en attente d’un verdict du comité de discipline, Marie-Eve Gélinas, directrice du marketing et des communications de RE/MAX Québec, a émis ce commentaire par courriel.

Si une formation est inadéquate, elle doit être rapportée à l’OACIQ dont le mandat est de surveiller les activités des courtiers et des agences immobilières et d’appliquer les règles de déontologie.

Marie-Eve Gélinas, directrice du marketing et des communications de RE/MAX Québec

« Nos courtiers et courtières bénéficient de formations offertes par RE/MAX et par l’OACIQ. Les agences RE/MAX proposent aussi des formations avec les entreprises et autres partenaires de leur région », a souligné Mme Gélinas.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Christine Girouard et son conjoint, Jonathan Dauphinais-Fortin

Christine Girouard et son conjoint, Jonathan Dauphinais-Fortin, accusés d’avoir élaboré un stratagème d’offres bidon visant à créer de la surenchère, attendent la décision du comité de discipline de l’OACIQ. Les membres doivent rendre leur verdict au plus tard le 4 janvier 2024. En attendant la décision, il leur est interdit d’exercer le métier de courtier.

À partir du 9 novembre 2023, l’une des stratégies utilisées par Christine Girouard et Jonathan Dauphinais-Fortin sera interdite. M. Dauphinais-Fortin, employé de Mme Girouard, présentait des promesses d’achat pour des propriétés vendues par sa patronne. L’OACIQ interdira dorénavant aux membres d’une même équipe de représenter à la fois un client vendeur et un client acheteur.