Le PDG de Intel, Brian Krzanich, 58 ans, a été contraint de démissionner jeudi en raison d'une liaison passée avec un membre du personnel, certes «consentie», mais proscrite par le règlement intérieur du géant américain des puces informatiques.

Brian Krzanich, qui était en train de transformer Intel de spécialiste de microprocesseurs pour PC à fournisseur de puces électroniques pour différentes industries, a violé le code de conduite interne interdisant aux dirigeants d'entretenir des relations personnelles avec les employés, explique Intel dans un communiqué.

«Intel a été informé récemment que M. Krzanich avait eu une relation consentie par le passé avec un(e) employé(e). Une enquête en cours, menée par des conseils interne et externe, a confirmé la violation de notre politique qui proscrit les relations personnelles (au sein de l'entreprise) pour les dirigeants», explique Intel.

«Étant donné que tous les employés doivent respecter les valeurs d'Intel et adhérer au code de conduite de l'entreprise, le conseil d'administration a accepté la démission de M. Krzanich», poursuit le texte.

Si Intel a tenu à préciser que la relation avait été «consentie», ce départ inattendu intervient en plein mouvement MeToo contre le harcèlement et les agressions sexuelles né de l'affaire Weinstein.

Sollicitée par l'AFP, la société n'a pas répondu dans l'immédiat.

En attendant la nomination de son successeur, Intel a promu Robert Swan, actuel directeur financier, patron par intérim avec effet immédiat.

À Wall Street, le titre perdait 1,43% vers 10h40. Il a gagné plus de 16% depuis le début de l'année, alors que le Dow Jones, l'indice vedette de la place new-yorkaise dont il fait partie, a cédé 0,25%.

D'autres PDG démis

«Cette démission crée de l'incertitude (car) il n'y a aucun successeur naturel et pour la première fois le nouveau PDG ne viendra pas de l'intérieur», déplore John Pitzer, analyste chez Credit Suisse.

Brian Krzanich, ingénieur de formation, avait fait quasiment toute sa carrière chez Intel où il est entré en 1982 avant de gravir les échelons le menant au sommet de l'entreprise.

Marié et père de deux enfants, il avait été promu PDG le 16 mai 2013, devenant le sixième patron d'une société ayant réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 62,8 milliards de dollars pour un bénéfice net de 9,6 milliards et employant 102 700 personnes au 31 décembre 2017.

Si le groupe est en bonne santé financière, il a toutefois été secoué fin 2017 par la révélation de failles de sécurité dans ses microprocesseurs et a promis de nouvelles puces invulnérables.

Face au déclin du PC et à la consolidation du secteur des puces, Brian Krzanich, surnommé «BK», avait déployé une stratégie visant à étendre les activités dans les objets connectés, les véhicules autonomes et l'intelligence artificielle.

Intel a ainsi cassé sa tirelire en 2017 pour acquérir la société israélienne Mobileye, spécialisée dans les systèmes anti-collisions, afin d'étoffer son offre dans les technologies de conduite autonome. Le groupe s'est allié à Waymo, filiale d'Alphabet (Google) dans le développement de la voiture sans conducteur.

«Le conseil d'administration croit fermement à cette stratégie», a réaffirmé l'entreprise jeudi, allant même jusqu'à relever ses prévisions financières pour le deuxième trimestre devant clôturer fin juin.

Les liaisons sur le lieu du travail ont coûté leur place à de nombreux PDG aux États-Unis lors des dernières années.

En février, Laurent Potdevin, patron du fabricant de vêtements de yoga branchés Lululemon, avait été poussé vers la sortie après la révélation d'une liaison avec une designer de l'entreprise, qui avait quitté la société peu de temps après le début de la relation.

En 2016, Darren Huston, le PDG du site du commerce en ligne Priceline avait dû démissionner pour des raisons similaires. Idem en 2012 pour Brian Dunn, le PDG du groupe de grande distribution BestBuy en 2012.

Une liaison avec une employée avait empêché en novembre 2012 Christopher Kubasik de prendre les rênes du groupe de défense Lockheed Martin.