Le groupe médiatique Torstar, qui comprend le Toronto Star et des dizaines d'autres journaux, tentera un nouveau modèle d'abonnement qui fera davantage appel aux données analytiques pour relier les annonceurs aux consommateurs.

Le chef de la direction de Torstar, John Boynton, a annoncé ce plan lors de l'assemblée annuelle des actionnaires de l'entreprise, mercredi, mais n'a pas voulu donner de détails sur l'échéancier du projet.

Torstar a embauché de nouvelles personnes détenant une expertise en gestion de données et offre de la formation à d'autres employés afin qu'ils puissent tirer profit du potentiel du nouveau modèle d'abonnement en ciblant les consommateurs avec des publicités en particulier.

«Nous devrons vraiment être très bons en données avant de nous lancer dans ces abonnements», a expliqué M. Boynton.

Mais en attendant, Torstar présentera jeudi une approche de connexion simple pour les sites internet de ses publications communautaires, comme le Oakville Beaver et le Brock Citizen, ainsi que le service de coupons Save.ca.

Les visiteurs de ces sites ne verront pas leur accès au contenu limité, mais ils devront fournir leur nom et certains autres détails pour accéder aux commentaires et aux calendriers communautaires et télécharger des coupons.

M. Boynton a indiqué aux journalistes, après l'assemblée, qu'il n'avait pas l'intention de revenir à la charge avec des murs payants - une technologie déjà essayée par le «Toronto Star» et qui est encore utilisée par d'autres publications -, mais qu'il étudiait les modèles d'abonnement qui ont connu du succès dans d'autres industries.

«Nous étudions des industries très matures, qui sont responsables dans l'utilisation de leurs données», a-t-il assuré, en évoquant particulièrement les secteurs de la musique, du divertissement, des télécommunications et des services financiers.

Le mois dernier, Torstar a annoncé des investissements dans ses quotidiens gratuits Metro, pour les relancer sous la nouvelle bannière «StarMetro». Ces journaux sont utilisés pour diriger les lecteurs vers des versions locales du site thestar.com, où des nouvelles régionales côtoient l'actualité nationale et internationale. Mais l'éditeur a précisé à l'époque qu'il n'avait pas l'intention d'ériger de mur payant pour ses nouveaux produits d'information numériques.

Torstar a abandonné son mur payant en 2015, après deux ans, et a plutôt lancé une application pour tablettes électroniques baptisée StarTouch, sous l'impulsion de son ancien chef de la direction, David Holland. La société a dépensé quelque 20 millions pour l'application, qui reprenait le modèle du quotidien montréalais La Presse+.

La Presse a annoncé mardi qu'elle se transformerait pour adopter la structure d'un organisme à but non lucratif (OBNL), qui profitera d'un financement initial de 50 millions de son propriétaire actuel, Power Corporation du Canada. Mais M. Boynton a indiqué mercredi que Torstar n'avait pas l'intention de prendre une décision similaire.

Perte réduite au 1er trimestre

Torstar a affiché mercredi une perte de 14,5 millions, soit 18 cents par action, pour le trimestre clos le 31 mars. Il s'agit d'une amélioration par rapport à celle de 24,3 millions, ou 30 cents par action, de la même période l'an dernier.

Les revenus trimestriels ont atteint près de 129 millions, un chiffre d'affaires en baisse par rapport à celui de 138,7 millions de l'an dernier. Les chiffres de l'an dernier se comparent cependant difficilement avec ceux de 2017 pour plusieurs raisons, notamment l'échange de publications avec Postmedia annoncé à la fin de l'an dernier et conclu tôt cette année.

L'entreprise avait indiqué que la transaction avec Postmedia réduirait les revenus de Torstar en raison des fermetures de publications, tout en améliorant les marges de profit.

M. Boynton a reconnu pendant l'assemblée des actionnaires que le Bureau de la concurrence menait une enquête sur la transaction, mais a affirmé que Torstar ne croyait pas avoir enfreint la Loi sur la concurrence.

En vertu de l'entente annoncée en novembre, 41 journaux ont changé de propriétaires et 36 d'entre eux ont été fermés, essentiellement dans les régions de l'Ontario où se trouvaient plus d'une publication. Près de 300 emplois ont ainsi disparu.

Dans des documents utilisés par le Bureau de la concurrence pour obtenir des mandats de perquisition dans plusieurs bureaux des deux éditeurs, l'organisme affirme qu'ils se sont entendus pour se diviser les ventes, les territoires et les consommateurs et/ou les marchés publicitaires ou la distribution de circulaires dans certaines régions.

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Torstar détient un investissement dans La Presse canadienne dans le cadre d'une entente conjointe avec une filiale du quotidien The Globe and Mail et la société mère du quotidien montréalais La Presse.