Tembec attendra avant d'investir des «millions» de dollars dans la modernisation de ses scieries québécoises tant et aussi longtemps que le gouvernement Couillard n'apportera pas des modifications au régime forestier, prévient son président et chef de la direction, James Lopez.

L'entreprise établie à Montréal prévoit dépenser 85 millions $ au cours des cinq prochaines années, dont 35 millions $ à court terme, pour améliorer la productivité de ses usines. Mais pour l'instant, c'est en Ontario que les investissements se feront.

«Nous sommes prêts à investir au Québec, mais pas dans les circonstances actuelles, a dit M. Lopez, jeudi, en marge de l'assemblée des actionnaires de la forestière. L'argent ira ailleurs et je suis sûr que nos concurrents vont agir de la même façon.»

Questionné par les journalistes, le patron de Tembec a estimé qu'il ne pouvait tout simplement pas justifier des investissements au Québec, où le prix du bois est le plus cher en Amérique du Nord et 20% supérieur à celui récolté en Ontario.

D'ici environ cinq ans, l'entreprise prévoit dépenser environ 85 millions $, soit 50 millions $ à ses quatre usines ontariennes et 35 millions $ à ses trois sites québécois.

Ces investissements permettraient notamment d'accroître la production des scieries et de rattraper le niveau actuellement en place en Colombie-Britannique.

«Plus longtemps (le gouvernement) attendra, plus nous allons faire de même, a affirmé M. Lopez. J'espère seulement qu'ils ne vont pas attendre jusqu'à ce que les usines ne soient plus compétitives, ce qui entraînerait leur fermeture.»

Sur les 3500 employés de Tembec (TSX:TMB) au Canada et en Europe, quelque 450 personnes travaillent dans les scieries de l'entreprise au Québec, alors qu'en Ontario, ce nombre est de 650.

Si M. Lopez dit avoir reçu des signaux «positifs» de la part du gouvernement Couillard après son élection, l'an dernier, il ajoute que les acteurs du secteur forestier attendent toujours des changements.

«Les signaux positifs et les changements sont deux choses distinctes, a-t-il observé. Ce gouvernement tarde à apporter les modifications nécessaires. Malgré nos interventions, il n'y a pas encore de sentiment d'urgence au sein du gouvernement.»

Le président et chef de la direction de la société a repris le discours qu'il tient depuis quelques années en critiquant la façon dont l'État vend aux enchères une partie du bois de ses forêts.

«Le gouvernement nous demande de payer un prix minimum (pour le bois) sous menace de ne pas le vendre, a martelé M. Lopez. C'est fixé d'avance.»

Quant à ses résultats du premier trimestre, la société forestière a enregistré une perte de nette de 62 millions $, ou 62 cents par action. À la même période l'an dernier, Tembec avait engrangé des profits de 2 millions $, ou 2 cents par action.

L'entreprise a justifié cette performance par une charge non récurrente de refinancement de la dette de 37 millions $ et une perte hors trésorerie de 17 millions $ liée à la conversion de la dette libellée en dollars US.

Pour la période de trois mois terminée le 27 décembre, le bénéfice d'exploitation avant amortissement de Tembec s'est chiffré à 20 millions $, comparativement à 13 millions $ lors du premier trimestre de 2014, ce qui a raté de peu les attentes des analystes.

Son chiffre d'affaires a quant à lui glissé de 6,2% pour passer de 354 millions $ à 332 millions $.

Tembec s'attend par ailleurs à tirer profit de la faiblesse du dollar canadien, ce qui devrait lui permettre de proposer des prix plus concurrentiels sur les marchés. La dégringolade des prix du but devrait aussi lui permettre d'économiser 10 millions $ en frais de transport.

La forestière croit que la mise en service de sa turbine à son usine de cellulose de spécialités de Témiscaming, en Abitibi-Témiscamingue, devrait se traduire par un effet positif de 129 millions $ sur ses liquidités.

Ce projet de 273 millions $ devrait générer un bénéfice avant impôts, intérêts et amortissements de 35 millions $ pour l'exercice 2015.