Le constructeur Boeing a remporté une manche sur le très prometteur marché indien du transport aérien, grâce à un contrat annoncé vendredi avec la compagnie à bas prix SpiceJet pour lui vendre « jusqu'à » 205 avions à 20,6 milliards d'euros au prix catalogue.

« C'est le plus gros contrat pour SpiceJet, l'un des plus gros pour l'aviation indienne et le plus gros pour Boeing en Inde », s'est félicité Ajay Singh, le président de SpiceJet, en annonçant lors d'une conférence de presse à New Delhi ce pacte à 1500 milliards de roupies (22 milliards de dollars).

Avec un trafic domestique en hausse de 22,3 % sur un an au mois de novembre - un rythme qui devrait se maintenir en 2017 -, l'Inde est le marché de transport aérien qui connaît la croissance la plus rapide du monde, devant la Russie et la Chine.

Sur les 205 avions du contrat de vendredi, « 155 sont une commande ferme, et 50 une option », a précisé à l'AFP M. Singh. Les premiers exemplaires, dont cent 737 Max, seront livrés à partir de 2018 et jusqu'en 2024.

En 2014, SpiceJet avait connu d'importantes difficultés financières. Elle avait dû annuler près de 2000 vols pour limiter ses pertes. Étant incapable à l'époque d'honorer une commande au constructeur américain, celui-ci avait fait preuve de magnanimité, forgeant un lien fort entre les deux marques.

Passée à deux doigts de la faillite, l'entreprise de Gurgaon (banlieue de New Delhi) a depuis renoué avec une bonne santé financière. « Notre retournement de fortune a peu d'équivalents dans le monde aujourd'hui et nous en sommes fiers », a déclaré M. Singh.

Quatrième compagnie aérienne d'Inde, avec 12,8 % de part de marché, SpiceJet a enregistré dernièrement sept trimestres consécutifs de bénéfices.

Par la voix de son vice-président Ray Conner, Boeing s'est dit « honoré de poursuivre un partenariat de plus d'une décennie avec SpiceJet ».

Cette commande marque un passage à l'étape supérieure pour l'entreprise indienne. Elle possédait jusqu'ici 49 avions, 32 Boeing 737 NG et 17 Bombardier Q-400s.

Les options prises par SpiceJet portent sur des avions long-courriers, la compagnie se réservant ainsi la possibilité de se développer à l'avenir dans le bas prix à l'international.

Expansion

Dans un marché indien dominé par les avions Airbus, ce contrat est une victoire importante pour Boeing.

« L'Inde a besoin de 1850 avions représentant 265 milliards de dollars au cours des vingt prochaines années. Nous attendons d'autres commandes en provenance d'Inde » , a déclaré Dinesh Keskar, président de Boeing India.

La très compétitive industrie aérienne de ce pays de 1,2 milliard d'habitants a connu un boom ces dernières années, portée par la hausse du niveau de vie et l'émergence d'une classe moyenne qui voyage davantage.

De moins de 20 millions par an en 2004, près de 90 millions de passagers ont pris l'avion en Inde au cours de l'année écoulée, selon des chiffres du Centre for Aviation (CAPA).

Selon cet organisme, l'Inde devrait dépasser cette année le Japon en nombre de passagers et devenir le troisième plus gros marché aérien, derrière les États-Unis et la Chine.

La baisse du prix du pétrole et l'augmentation du nombre de voyageurs ont permis dernièrement aux compagnies aériennes de renforcer leurs finances, selon les analystes.

La plupart des compagnies indiennes restent cependant lourdement endettées, à l'image de l'entreprise publique Air India qui survit sous perfusion du gouvernement.

Le transport aérien en Inde est dominé par la compagnie Indigo, avec 42 % des parts de marché.

Dans son bilan commercial publié la semaine dernière, Boeing a annoncé avoir livré 748 appareils en 2016 et enregistré 668 commandes nettes dans le monde, des chiffres en baisse.

Il s'est imposé devant son rival européen Airbus en termes de livraisons, mais lui a concédé la première place du podium en matière de commandes.