Bombardier construit trois familles de jets d'affaires (Global, Lear et Challenger) et trois familles d'appareils commerciaux (CSeries, CRJ et Q400). C'est trop pour une entreprise de sa taille, selon JPMorgan.

De plus, souligne la banque américaine, il y a peu de synergies entre la division aéronautique et une division transport qui doit affronter une concurrence de plus en plus féroce.

De ce fait, des changements sont tout à fait plausibles au fil du temps, peut-on lire dans le rapport que JPMorgan vient de publier, et c'est pourquoi cette banque dit croire que Bombardier sera bien différente de ce qu'elle est aujourd'hui d'ici deux à trois ans. La route pour s'y rendre pourrait par ailleurs être créatrice de valeur, est-il précisé dans le document.

JPMorgan a relancé cette semaine la couverture du titre de Bombardier, six mois après l'avoir abandonné à la suite de la mort de son analyste au dossier, Joseph Nadol, tué dans un accident de train survenu le 3 février dans l'État de New York.

Plusieurs défis

Seth Seifman est le nouvel analyste de JPMorgan affecté au suivi de Bombardier et, d'emblée, il ne recommande pas l'achat de l'action.

« Voici une histoire très intéressante avec d'imposants défis à relever, une nouvelle équipe de direction prometteuse et un cours boursier au plancher sur lequel plane un sentiment négativement biaisé », dit-il pour résumer sa pensée sur Bombardier dans un rapport coiffé du titre « De gros changements sont nécessaires ».

Il ne fait aucun doute pour cet analyste que Bombardier doit rendre la CSeries viable. Pour que la CSeries soit un succès, l'entreprise doit vendre plus d'appareils. « La direction a un objectif de 300 commandes avant l'entrée en service. Avec 243 commandes, l'objectif est à portée de main, mais certaines de ces commandes sont vulnérables à des annulations et il y a peu de gros transporteurs aériens (blue-chip customer) parmi les clients jusqu'ici » , souligne Seth Seifman.

Cet expert fait remarquer que les besoins des transporteurs sont moins importants qu'ils ne l'étaient depuis la vague de commandes observées dans les dernières années. « Les transporteurs aériens ont ignoré les avions de 100 à 150 places du créneau de la CSeries et Airbus et Boeing semblent travailler de manière à ce que Bombardier ne puisse pas vendre son nouvel appareil. »

D'autres mauvaises surprises à l'horizon?

Seth Seifman ajoute qu'évaluer le titre et prédire la performance financière de Bombardier est exceptionnellement difficile présentement. Il fait valoir que l'entreprise a un nouveau PDG et qu'un nouveau chef des finances arrive aussi en poste. « Le PDG a entrepris une révision complète des activités avant de déterminer ses plans précis et éventuellement annoncer les nouvelles prévisions financières de Bombardier. »

À ce sujet, d'ailleurs, l'analyste Konark Gupta, chez Macquarie, a publié cette semaine un rapport dans lequel il prévient ses clients que la direction de Bombardier pourrait faire une mise à jour à la fin de juillet qui risque de contenir de nouvelles mauvaises surprises.

Bombardier publiera ses résultats du deuxième trimestre le 30 juillet et Konark Gupta dit s'attendre à ce que le PDG Alain Bellemare déçoive les investisseurs non pas avec les résultats trimestriels, mais en présentant des informations sur les flux de trésorerie et les liquidités qui auront un impact sur le consensus actuel.

Konar Gupta continue de recommander la vente du titre de Bombardier et il est l'analyste ayant le cours cible le plus pessimiste parmi la vingtaine qui s'intéresse aux activités du groupe. Sa cible pour les 12 prochains mois est à 1,75 $, mais il souligne que l'action peut potentiellement reculer à près de 1,50 $ si le pire des scénarios se produit, en faisant allusion flux de trésorerie et aux liquidités de l'entreprise.

L'action de Bombardier a terminé la semaine à 1,91 $ à la Bourse de Toronto.