Airbus a dévoilé mercredi à Pékin une version allégée de son long-courrier A330, destinée aux vols régionaux et nationaux de marchés émergents en plein essor, tout en annonçant de nouvelles commandes d'A320 en Chine pour un total de 6,5 milliards de dollars.

L'A330-300 a été «optimisé pour un rayon d'action plus court, tout en offrant (...) le confort des long-courriers et une rentabilité inégalée», a assuré l'avionneur européen dans un communiqué.

Ce modèle à masse réduite, destiné à transporter 400 passagers sur des distances allant jusqu'à 5550 km, a été dévoilé à l'occasion du salon aéronautique de Pékin, et le groupe vise de faire de la Chine le premier marché pour ce nouvel appareil.

Issus des structures de production existantes de la famille A330, les premiers appareils nouvelle version pourraient être livrés fin 2015, a indiqué le président d'Airbus en Chine, Eric Chen, lors d'une conférence de presse.

«La croissance du marché chinois s'accompagne de problèmes en termes de retards sur les aéroports, d'engorgement du trafic aérien ou du nombre de pilotes à former», a indiqué à l'AFP le PDG d'Airbus Fabrice Brégier, en marge du salon.

«Or, on fournit une solution qui répond aux besoins de vols régionaux pour une durée de deux à trois heures, avec un appareil dont le coût par siège est équivalent à celui de l'A320 mais qui supporte deux fois plus de passagers», a-t-il poursuivi.

Selon le groupe, la réduction de la consommation de carburant par siège et des coûts de maintenance entraînera «une réduction globale des coûts de 15% environ par rapport aux versions A330-300 long-courriers actuelles».

Plus économe, cette nouvelle version serait ainsi plus adaptée à l'essor du trafic en Asie sur des routes nationales ou régionales -- le secteur moyen-courrier où justement Airbus entend conserver l'avantage sur son concurrent américain Boeing, et où de nouveaux venus, le Canadien Bombardier ou le chinois Comac, entendent bousculer le duopole.

L'Asie-Pacifique devrait surpasser l'Europe et l'Amérique du nord en terme de trafic aérien d'ici à 2032, selon les prévisions de l'avionneur, et au-delà de la Chine, la nouvelle version de l'A330 devrait séduire l'Asie du sud-est, l'Inde ou encore le Moyen-Orient, a rappelé M. Chen, qui la juge «extrêmement compétitive».

Airbus avait dévoilé mardi à Londres ses prévisions pour les deux prochaines décennies, indiquant tabler sur un marché total de plus de 29 220 nouveaux avions de transport de passagers et de fret à livrer entre 2013 et 2032.

Il avait également précisé qu'il continuait de miser sur l'intérêt des compagnies aériennes pour son très gros porteur A380, qui a peiné récemment à enregistrer de nouvelles commandes.

Le développement de l'A380 en Chine «prendre du temps», mais ce sera «une arme redoutable» pour les compagnies souhaitant relier les grandes métropoles chinoises à l'Europe ou l'Amérique, a souligné mercredi M. Brégier, estimant que la Chine «représentait un marché potentiel de 200 appareils» de ce type.

L'avionneur européen a par ailleurs engrangé mercredi à Pékin une nouvelle moisson de contrats, portant au total sur 68 A320, soit un montant de cumulé de 6,5 milliards de dollars selon les prix catalogues.

Qingdao Airlines, compagnie de création récente basée dans l'est de la Chine, a ainsi signé un accord pour l'acquisition de 23 appareils.

La première livraison pourrait intervenir début 2016, a précisé l'avionneur dans un communiqué, tout en soulignant que l'opération était soumise à l'approbation des autorités chinoises.

De son côté, Zhejiang Loong Airlines, compagnie basée à Hangzhou (est), a signé un protocole d'accord pour l'achat de 20 A320.

Enfin, BOC Aviation, société de leasing du mastodonte financier public Bank of China (BOC) et basée à Singapour, a passé une nouvelle commande ferme de 25 A320, qui intervient moins d'un an après une première commande de 50 appareils du même type.

La commande de Qingdao comprend 18 appareils A320 neo, version remotorisée pour réduire la consommation de kérosène. Zhejiang Loong a commandé 9 de ces appareils, et BOC Aviation 12.

Sur les huit premiers mois de l'année, Airbus a livré 95 nouveaux avions à des compagnies chinoises, soit plus de 20% des livraisons totales du groupe sur cette période.

Selon son rival Boeing, la flotte chinoise devrait tripler les 20 prochaines années, et la Chine comptera pour 16% des nouveaux avions vendus dans le monde durant cette période.

Commande géante d'une ambitieuse low-cost vietnamienne

Airbus a par ailleurs décroché mercredi une commande géante d'une valeur de 6,1 milliards de dollars au prix catalogue d'une ambitieuse compagnie vietnamienne qui se lance dans la mêlée du low-cost en Asie.

VietJetAir a effectué son premier vol en 2011 et va décupler sa flotte avec cet accord. Après avoir conquis un quart du marché vietnamien, cette compagnie privée a pris pied en Thaïlande et veut s'étendre notamment vers l'Asie du Nord-est, avec une liaison vers la Corée du Sud d'ici la fin de l'année.

Le mémorandum d'accord signé avec VietJetAir après une nuit de négociations prévoit l'achat de 62 appareils de la famille A320, dont 42 des futurs A320Neo plus économes en carburant, pour un prix catalogue de 6,1 milliards de dollars. VietJetAir prendra également huit A320 supplémentaires en leasing, ont précisé les deux compagnies. L'accord comprend également une option pour 30 appareils supplémentaires.

Au total, a souligné Jean-François Laval, vice-président d'Airbus pour l'Asie, le mémorandum représente 9,1 milliards de dollars au prix catalogue, toujours théorique puisque les clients obtiennent systématiquement d'importantes réductions.

Les livraisons s'échelonneront de 2014 à 2022, «soit presque dix par ans», a indiqué le directeur général de la compagnie vietnamienne Luu Duc Khanh.

VietJetAir opère actuellement huit A320 dans le cadre d'un contrat de location, et a pris livraison cette semaine d'un neuvième appareil via la compagnie de leasing américaine AWAS.

Elle suit ainsi le modèle des compagnies qui démarrent avec des avions en leasing avant d'en acquérir, a expliqué Brendan Sobie, analyste en chef au Capa Centre for Aviation, basé à Singapour.

«Maintenant qu'elle s'est bien établie sur le marché vietnamien, il est temps pour elle de se développer à l'international», a-t-il expliqué à l'AFP lors d'une interview téléphonique. VietJet, qui assure deux vols vers Bangkok, a signé en juin un protocole d'accord avec un petit transporteur thaïlandais pour créer une co-entreprise qui opérera depuis la Thaïlande.

Vietnam Air bousculé

La compagnie privée a conquis en deux ans 20% du marché vietnamien, bousculant le transporteur national Vietnam Air, et devrait atteindre 25% d'ici la fin de l'année, selon M. Sobie.

M. Luu Duc Khanh a annoncé que sa compagnie voulait encore progresser sur le marché domestique et se développer à l'international notamment vers l'Asie du Nord-est, Japon et Corée. Elle ouvrira d'ici la fin de l'année une liaison entre Hanoï et la Corée du Sud, a-t-il annoncé. Il estime le marché taiwanais très porteur, puisque Taiwan est le plus riche investisseur étranger au Vietnam, où vivent selon lui 200 000 hommes d'affaires taïwanais.

«Nous voulons être les premiers opérateurs à bas coût vers ces destinations», a-t-il dit.

M. Sobie a cependant relevé que VietJetAir était la cinquième compagnie low-cost à se lancer sur le marché régional, après le malaisien AirAsia, l'indonésien Lion Air, Tiger Air basé à Singapour et l'Australien JetStar. «Ils vont devoir travailler à faire connaître leur marque», a souligné l'analyste.

Pour M. Luu Duc Khanh le dernier arrivé a un avantage. «Nous pouvons tirer les leçons de l'expérience de Air Asia et de Lion Air et proposer quelque chose de neuf et de meilleur», a-t-il dit, expliquant que sa compagnie concentrait ses efforts sur le service aux passagers, avec la traditionnelle hospitalité vietnamienne.

Le directeur a enfin affirmé que les compagnies du Golfe, comme Emirates et Etihad, cherchaient à conclure des accords avec VietJet pour offrir de nouvelles destinations à leurs clients.