Le fameux chemin de fer minier de 800 kilomètres que le CN et la Caisse de dépôt et placement voulaient construire vers la fosse du Labrador dans le nord québécois, une région riche en fer, comptera finalement moins de 550 kilomètres.

Le Canadien National prévoit maintenant construire un tronçon de 510 à 550 kilomètres entre Sept-Îles et le secteur de Wabush-Labrador City, puis se raccorder à un chemin de fer existant, Tshiuetin, pour rejoindre Schefferville.

C'est ce qui ressort d'un rapport de la firme Genivar déposé par La Compagnie du chemin de fer minier de la Côte-Nord à l'Agence canadienne d'évaluation environnementale. L'agence doit déterminer s'il est nécessaire de procéder à une évaluation environnementale du projet.

Le chemin de fer Tshiuetin appartient à trois communautés autochones. Il relie Emeril, dans le secteur de Wabush-Labrador City, à Schefferville, un trajet de 200 kilomètres.

Le raccordement des deux liens ferroviaires doit faire l'objet d'une entente commerciale. Les représentants du chemin de fer minier de la Côte-Nord ont déjà rencontré à trois reprises l'administration de Tshiuetin pour discuter de la question.

La Compagnie du chemin de fer minier de la Côte-Nord n'a pas encore déterminé le trajet exact entre Sept-Îles et le secteur de Wabush-Labrador City. Elle considère trois options: l'une se trouve à proximité d'un chemin de fer existant, Québec Cartier, les deux autres suivent le cours de la rivière Sainte-Marguerite.

Le rapport indique que plusieurs critères seront pris en considération pour prendre une décision, comme le potentiel de développement économique, l'empreinte environnementale et les impacts sur les populations locales.

Le projet comprendra également un terminal de manutention et d'entreposage du minerai à Pointe-Noire, au port de Sept-Îles.

Selon le rapport de Genivar, la construction du projet devrait commencer au début de 2014 et durer entre un an et demi et trois ans. L'exploitation devrait débuter progressivement au cours de l'année 2016.

On souligne que le projet ne bénéficiera d'aucun appui du gouvernement fédéral.

Il y a quatre semaines, le CN et son partenaire, la Caisse de dépôt et placement du Québec, ont conclu une entente avec cinq sociétés minières pour entreprendre une étude de faisabilité, soit Cliffs Natural Resources, Labrador Iron Mines, New Millennium Iron, Cap-Ex Ventures et Alderon Iron Ore. Il y a une semaine, une sixième société, Champion Iron Mines, s'est joint au groupe.

Deux sociétés impliquées dans des projets miniers dans la région, Adriana et Century Iron Mines, demeurent à l'écart pour l'instant.

«Nous avons encore des discussions avec le CN, a déclaré Marie-Claude Lavigne, la porte-parole d'Adriana, dans une entrevue avec La Presse Affaires. Nous ne nous sommes pas encore entendus sur un modus operandi favorable pour les deux parties. Nous ne savons pas encore quelle est la meilleure option de transport pour notre projet Lac Otelnuk.»

Le président-directeur général de Centuro Iron Mines, Sandy Chim, n'a pas non plus écarté une participation.

«Nous étudions toutes les possibilités pour l'instant, a-t-il déclaré dans un courrier. Mais nous sommes heureux de voir le développement d'un projet impliquant CN et six sociétés minières, ce qui montre la confiance du secteur alors que le marché est relativement négatif et que les prix du minerai de fer sont décevants.»

Ironiquement, la chute des prix du minerai pourrait représenter une occasion pour Canarail, une firme de services-conseils spécialisée dans le transport ferroviaire.

«Les sociétés minières vont probablement vouloir reconsidérer leurs investissements majeurs et trouver des façons de couper les coûts et de faire plus avec moins, a déclaré le président et chef de la direction de Canarail, Miguel Valero, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Nous espérons les aider.»

Canarail vient justement de décrocher un important contrat avec Labrador Iron Mines afin de l'aider à optimiser ses infrastructures de transport ferroviaire.- Avec la collaboration d'Hugo Fontaine