Après l'Espagne, le consortium Bombardier-Alstom aura de la concurrence en provenance de la Chine afin de construire les nouvelles voitures du métro de Montréal.

À quelques heures de la date butoir, Zhuzhou Electric Locomotive a déposé officiellement hier sa candidature à la Société de transport de Montréal (STM). Devant ses menaces de poursuites judiciaires, la STM avait ouvert un avis public international en janvier dernier afin de solliciter de nouvelles offres. La STM négociait exclusivement avec le consortium Bombardier-Alstom depuis plus d'un an.

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La valeur du contrat du métro est estimée à 3,4 milliards de dollars, mais Zhuzhou Electric pense vouloir livrer les voitures pour 2 milliards. «Notre offre est très positive pour les contribuables», dit Glen Fischer, un consultant en transport ferroviaire qui agit comme représentant de Zhuzhou Electric Locomotive dans ce dossier.

La proposition de Zhuzhou Electric pose toutefois un problème: l'entreprise chinoise veut construire des voitures avec des roues en acier alors que la STM a demandé des voitures à roues pneumatiques.

«La STM stipule qu'elle a une préférence pour les roues pneumatiques, mais ce n'est pas un choix final, dit Glen Fischer. De toute façon, ce que la STM demande n'a aucun sens. C'est comme si elle demandait un métro avec des ailes pour voler entre Québec et Montréal.»

La STM n'a pas voulu réagir sur la conformité de l'offre de Zhuzhou Electric, mais elle a précisé par communiqué son intention de vérifier les exigences demandées, notamment la technologie des voitures sur pneumatiques. «Nous ne ferons aucun commentaire», dit Marianne Rouette, porte-parole de la STM. En cas de refus de la STM, Zhuzhou Electric n'exclut pas la possibilité de recourir aux tribunaux.

Outre Zhuzhou Electric Locomotive, l'entreprise espagnole CAF (Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles) a aussi démontré officiellement son intérêt pour le contrat du métro de Montréal. CAF a déposé son offre pour des voitures avec la technologie pneumatique vendredi dernier à la STM.

En 2007, CAF avait coiffé Bombardier et Alstom afin d'obtenir le contrat de renouvellement des voitures pneumatiques du métro de Santiago. «La différence de prix s'expliquait surtout par le volet entretien et non par le matériel roulant lui-même», dit Marc-André Lefebvre, porte-parole de Bombardier Transport.

Si les offres de ses concurrents sont jugées conformes, Bombardier-Alstom, qui négociait de façon exclusive avec la STM depuis plus d'un an, devra se soumettre à un appel d'offres qui pourrait retarder l'exécution du contrat d'un à deux ans. «Nous sommes surpris que d'autres entreprises aient pu démontrer un intérêt pour le contrat mais nous sommes confiants, dit Marc-André Lefebvre, porte-parole de Bombardier Transport. Nous avons négocié de bonne foi et nous sommes convaincus d'avoir soumis une offre qui répond aux critères de la STM.»

La grande absente de la lutte pour le contrat du métro de Montréal? L'entreprise allemande Siemens, qui a choisi de ne pas soumettre d'offre. «Nous n'avons pas les ressources pour exécuter ce genre de contrat. Les voitures aux roues pneumatiques ne sont pas notre force», dit DL Leslie, directeur des communications de Siemens Canada.