La rémunération des principaux dirigeants du voyagiste Transat AT (T.TRZ.B) perd le tiers de son altitude, conséquence des récents mauvais résultats de l'entreprise.

Ils sont privés d'au moins 2 millions de dollars en primes après que le voyagiste eut subi ses pires résultats financiers de fin d'exercice depuis la crise des attentats aériens de septembre 2001 aux États-Unis.

 

Transat AT a clos son exercice 2008, le 31 octobre dernier, avec une perte de 50 millions de dollars, comparativement à un profit de 78 millions en 2007.

Pour le seul quatrième trimestre, la perte a atteint 78 millions comparativement au léger profit de 6,6 millions un an plus tôt.

En Bourse, les actions du voyagiste ont dégringolé de 71% durant les 12 mois de l'exercice 2008.

Dans ce contexte, la rémunération totale (salaires et primes) des cinq principaux patrons de Transat AT a été réduite à 4,95 millions pour l'exercice 2008.

C'est 2,07 millions ou 29% de moins que leur rémunération de l'exercice précédent, qui avait atteint la somme record de 7,02 millions.

Ces informations sont tirées de la circulaire de direction que Transat AT distribue ces jours-ci à ses actionnaires, en prévision de l'assemblée annuelle du 11 mars à Montréal. Le voyagiste est l'une des premières entreprises québécoises d'importance à divulguer la rémunération annuelle de ses hauts dirigeants.

Cette primauté découle de sa fin d'exercice au 31 octobre à l'instar des principales banques canadiennes, qui ont diffusé leur circulaire la semaine dernière.

Refus de banquiers québécois

La semaine dernière, La Presse Affaires avait relevé que les deux principaux banquiers québécois, Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale, et Réjean Robitaille, de la Banque Laurentienne, refusaient de renoncer à leurs primes en options d'achat d'actions et autres titres, évalués à 4,1 millions.

En agissant ainsi, ces deux banquiers québécois refusaient d'imiter trois de leurs homologues à la tête de grandes banques torontoises (Royale, BMO et CIBC) qui ont renoncé à 16,7 millions en primes de titres de leur banque.

Ils ont justifié ces renonciations par l'impact de la crise financière sur l'économie et la récession qui affecte un nombre croissant de clients des banques.

Depuis, de nombreux actionnaires d'entreprises cotées en Bourse attendent de voir si cet acte de modestie de trois grands banquiers, longtemps parmi les dirigeants les mieux rémunérés au Canada, sera imité par les patrons d'autres grandes entreprises.

Pour le moment, les dirigeants de Transat AT se retrouvent premiers en liste, par décision de son conseil d'administration.

Abrogation des primes

D'ailleurs, on constate dans la circulaire que la baisse de rémunération des cinq principaux dirigeants est entièrement attribuable à l'abrogation temporaire de leurs primes en titres qui sont liés aux prochains résultats du voyagiste.

Lors des deux exercices précédents, la valeur de ces primes avait dépassé 800 000$ par année pour Jean-Marc Eustache, président du conseil et chef de la direction de Transat AT.

Elles avaient dépassé 400 000$ par année pour ses deux principaux adjoints: Lina De Cesare, présidente de la division voyages, et Philippe Sureau, président de la distribution des produits et services du voyagiste.

Toutefois, malgré la perte temporaire des primes en titres, les salaires de base (en espèces, avant primes) de cinq principaux dirigeants de Transat AT ont encore été haussés pour l'exercice 2008, atteignant 2,39 millions.

Cependant, cette hausse est relativement modeste, à 4%, ce qui représente 1% de moins que la hausse des salaires de base de l'exercice précédent.

En fin de compte, le principal patron de Transat AT, Jean-Marc Eustache, a obtenu une rémunération totale de 1,76 million pour l'exercice 2008. C'est presque la moitié moins que les 2,57 millions obtenus à l'exercice précédent.

Pour sa part, Mme De Cesare a reçu 1,01 million en tout, soit 30% de moins que les 1,46 million de l'exercice 2007.

De son côté, le numéro trois des hauts dirigeants de Transat AT, Philippe Sureau, a vu sa rémunération totale de 2008 glisser sous le seuil du million, à 935 810$.

Enfin, les deux autres principaux dirigeants du voyagiste, Nelson Gentiletti, vice-président à la direction de la division voyages, et François Laurin, vice-président et chef des finances, ont vu leur rémunération totale réduite d'environ 22% au terme de l'exercice 2008.