La présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, a réussi à restructurer l'organisation sans trop de heurts, ces derniers mois. Certaines incertitudes demeurent, cependant, et des centaines de postes sont toujours en suspens en cette veille de Noël.

Globalement, 91% des 16 800 employés du Mouvement Desjardins ont été fixés quant à leur tâche depuis sept mois. Il reste donc environ 1500 employés qui sont dans l'attente d'une confirmation de leur poste.

En mai, rappelons-le, Monique Leroux a annoncé une vaste réorganisation du Mouvement visant à accroître la productivité.

Quelque 900 postes devaient être abolis sur trois ans, pour des économies annuelles de 150 à 200 millions de dollars.

Depuis l'annonce de la restructuration, en mai, 220 des 1374 postes de cadre ont été supprimés. Des 1154 postes qui restent, plus de 20% sont toujours à pourvoir. Il s'agit essentiellement de cadres intermédiaires et de directeurs principaux.

Dans plusieurs cas, les postes ont été redéfinis, si bien que les cadres ont dû repostuler au Mouvement dans des postes similaires pour conserver leur emploi. Cette procédure a été moins fréquente chez les non-cadres. En fait, dès que les trois quarts de la tâche demeuraient identiques, l'employé n'avait pas à reconquérir son poste.

Un coup de sonde auprès de quelques employés nous indique qu'il y a eu passablement d'incertitude chez les cadres, alors que, chez les autres, les perturbations ont été moins importantes.

«Dans notre secteur, ce fut business as usual pour la majorité», nous dit un professionnel du complexe Desjardins, à Montréal.

«Il y a beaucoup de tension parmi les cadres et employés, nous dit un autre employé, de Lévis. Et ceux qui ont été replacés ne savent pas toujours très bien ce qu'ils font. C'est en mouvement.»

À l'intérieur de Desjardins, les employés sont fréquemment informés des changements. Dans la livraison de novembre-décembre du bulletin Unir nos forces, le premier vice-président stratégie de Desjardins, Marc Laplante, parle d'une période d'une «rare exigence» pour les gestionnaires.

«Plusieurs ont dû assumer la continuité des opérations de leur secteur en plus de se soumettre au processus de mise en candidature», explique-t-il.

L'organisation entre cependant dans une phase de consolidation, ajoute M. Laplante, bien que les travaux d'optimisation de la structure financière et d'amélioration de la productivité se poursuivent.

La réorganisation ne touche pas le réseau des caisses, mais plutôt la fédération et ses filiales. En ajoutant les caisses, le Mouvement compte 42 000 employés.

Joint au téléphone, le porte-parole du Mouvement, André Chapleau, affirme que l'organisation partira sur de nouvelles bases en 2010. Il n'est pas en mesure de chiffrer le nombre total de postes éliminés à ce jour, en plus des 220 postes de cadres, mais soutient que la restructuration se déroule bien.

«Nous n'avons pas ménagé les efforts pour épargner notre personnel. Nous ne sommes pas parfaits, mais peu d'employeurs au Québec traversent aussi bien un tel processus», dit-il.

Desjardins, c'est connu, est nettement moins efficace que les institutions bancaires. Certes, le mouvement coopératif a un mandat différent, mais ses chiffres sont loin de ceux des banques. C'est le cas du ratio de productivité, qui est essentiellement le rapport entre les frais d'exploitation et le revenu total. Du point de vue financier, plus ce rapport est petit, plus une institution est efficace.

C'est Desjardins, ce ratio a oscillé entre 70 et 79% ces dernières années, comparativement à un ratio de 55 à 60% chez les banques. La direction veut ramener cet écart avec les banques de quelque 15 points de pourcentage à 6 points de pourcentage. Il faudra resserrer les coûts et augmenter le volume d'affaires.