La banque d'affaires américaine Merrill Lynch, absorbée le 1er janvier par Bank of America, a versé des primes supérieures au million de dollars à près de 700 de ses cadres dirigeants juste avant la fusion, a révélé mercredi le ministre de la Justice de l'Etat de New York.

Dans une lettre ouverte au président de la commmission des services financiers de la Chambre des représentants, Andrew Cuomo a dénoncé la manoeuvre consistant à verser «prématurément et secrètement» un total de 3,6 milliards de dollars de primes en décembre.Ces versements ont valu une citation à comparaître à l'ancien PDG de Merrill Lynch, John Thain, limogé sans ménagement par son nouveau patron Kenneth Lewis le mois dernier.

La direction de Merrill Lynch, qui a cumulé 27 milliards de dollars de pertes en 2008, avait indiqué le 8 décembre que M. Thain et quatre autres dirigeants avaient renoncé à toucher une prime pour 2008, alors que des informations lui avaient prêté l'intention de réclamer 10 millions de dollars.

M. Cuomo révèle cependant que quatre responsables de Merrill Lynch, qu'il ne nomme pas, se sont partagé 121 millions de dollars de primes, et que 14 personnes ont touché 10 millions ou plus.

Au total, 696 personnes ont perçu des primes d'un million de dollars ou plus, selon la justice new-yorkaise.

La missive de M. Cuomo a été rendue publique pour coincider avec l'audition de huit patrons de grandes banques américaines devant la Chambre des représentants.

Fin janvier, le président Barack Obama s'est emporté contre les primes «honteuses» que les sociétés de Wall Street ont verser à leurs employés en 2008 alors que les Américains en étaient de leur poche pour les maintenir à flot.

Les autorités de l'Etat de New York ont indiqué que les établissements de Wall Street avaient versé 18,4 milliards de dollars de primes à leurs salariés l'an dernier.