La Commission de l'équité salariale est submergée: près de 10 000 plaintes ont été déposées depuis le début de l'année.

Cette avalanche de plaintes est liée à un compte à rebours bien précis: les travailleuses avaient en effet jusqu'au 30 mai pour réclamer jusqu'à 10 ans de rattrapage salarial par rapport à leurs collègues masculins, avec les intérêts au taux légal et l'indemnité additionnelle.

Après le 30 mai, les plaignantes qui auront gain de cause n'auront droit qu'à cinq ans de rattrapage.

Environ 9000 sont arrivées avant le 30 mai, et 500 autres ont été acheminées depuis le début de juin.

En entrevue à La Presse Canadienne lundi, la présidente de la Commission de l'équité salariale, Marie Rinfret, a dit ne pas être surprise par l'afflux massif des plaintes au cours des derniers mois. Elle l'attribue aux «campagnes de publicité de l'organisme qui ont très bien fonctionné».

«Je n'avais pas d'attente particulière, a-t-elle déclaré. Nous voulions vraiment faire une campagne d'information qui nous permettait de reprendre le bâton du pèlerin, d'expliquer de nouveau le concept d'équité salariale, cette fois en visant les personnes salariées, en leur faisant prendre conscience du fait que toutes caractéristiques de leur travail doivent être évaluées dans un exercice d'équité salariale, pour leur donner une valeur et les comparer.»

Le traitement des plaintes pourrait prendre plusieurs années, selon elle. À titre d'exemple, un des responsables de son équipe a pu traiter 57 dossiers en deux mois et demi. Et même si les effectifs de la commission se coordonnent, il reste encore beaucoup à faire dans le tri et la validation des dossiers.

Le plus grand nombre de plaintes vise le Conseil du Trésor, à titre de prestateur des salaires du réseau de la santé, des services sociaux et des commissions scolaires, entre autres. Toutefois, Mme Rinfret ne pouvait en préciser la proportion exacte.

Elle pouvait néanmoins préciser que des 9500 plaintes reçues, 7000 tiraient leur origine de mots d'ordre de syndicats.

Rappelons que toutes les entreprises employant 10 personnes et plus avaient jusqu'au 31 décembre 2010, en vertu de la loi, pour faire l'exercice de l'équité salariale. L'entreprise doit faire l'affichage de l'exercice et déposer une déclaration obligatoire.

Pas moins de 14 000 téléchargements du guide qui leur est destiné ont été effectués dans le site de la commission depuis janvier.

Car il reste un grand nombre d'entreprises contrevenantes. Il y en avait pas moins de 20 000 en 2006, mais ce chiffre n'a pu être mis à jour.

La présidente de la commission estime néanmoins que le volume de plaintes diminuera au cours des prochains mois, sans toutefois se tarir.

«Il y a un net ralentissement»,  a-t-elle noté.

Le principe de l'équité salariale veut qu'on verse un salaire égal pour des emplois jugés équivalents, même s'ils sont différents. On compare ainsi des emplois traditionnellement occupés par des femmes à ceux occupés traditionnellement par des hommes.

Le pourcentage d'ajustement moyen atteint les 6,5%.

En janvier, la commission estimait que l'exercice d'équité salariale restait à faire pour plus de 400 000 personnes.