Pour la deuxième année de suite, la Caisse de dépôt et placement du Québec se classe parmi les moins bons gestionnaires de fonds, avec un rendement de 10% en 2009, presque 5% de moins que la médiane des grandes caisses de retraite canadiennes.

La performance de 2009 est toutefois une nette amélioration par rapport au rendement de - 25% de 2008, et le président de la Caisse, Michael Sabia, se dit très content du progrès accompli dans ce qu'il a appelé «une année de transition». «Nous avons remis le train sur les rails», a-t-il commenté hier en conférence de presse.

La Caisse a manqué le rebond des marchés boursiers en début d'année, ce qui explique en bonne partie l'écart entre son rendement et celui des autres gestionnaires de fonds. Après avoir vendu massivement des actions en pleine tourmente financière à la fin de 2008, ses gestionnaires ont trop attendu avant de revenir sur les marchés boursiers.

Dès l'arrivée de Michael Sabia, en mars 2009, la Caisse a donné un coup de balai et elle a racheté pour 2,5 milliards de dollars d'actions le 1er avril 2009. Par la suite, la Caisse a continué d'augmenter sa position en actions, mais le mal était fait, ont reconnu ses dirigeants.

La Caisse a aussi souffert de la débandade de ses investissements dans les prêts mezzanines et autres produits hypothécaires complexes aux États-Unis, un secteur qu'elle a abandonné complètement.

Ces investissements, qui ont été réalisés pendant le mandat d'Henri-Paul Rousseau, ont coûté très cher à la Caisse. Hier, son successeur s'est gardé de blâmer directement l'ancienne administration, mais il a répété que la Caisse n'investira plus dans les produits qu'elle ne connaît pas.

«Les marchés ne sont pas un terrain de jeu pour les amateurs, c'est un terrain de jeu pour les professionnels», a commenté M. Sabia.

Le rendement de la Caisse a aussi été réduit par ses investissements dans les entreprises privées qui, en dépit d'un rendement de 10,8%, ont fait moins bien que l'indice de référence. La participation de la Caisse dans les aéroports de Londres (British Airports Authority), plus important investissement à l'étranger de son histoire, a dû être dévaluée, selon son responsable, Normand Provost, qui n'a pas voulu donner de chiffres.

Perte réduite

L'actif de la Caisse a augmenté de 120,1 à 131,6 milliards 2009, mais cette augmentation de 11,5 milliards ne permet pas de compenser la perte sèche de 40 milliards subie en 2008.

Il reste en effet une perte sèche de 28 milliards que les retraités du gouvernement du Québec, qui ont été les principaux déposants de la Caisse de dépôt, jugent inacceptable. Ils songent même à retirer leur argent de la Caisse pour le confier à d'autres gestionnaires. «Nous l'envisageons sérieusement et souhaitons bien y réfléchir», a commenté la porte-parole de l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic, Madelaine Michaud.

Pour sa part, le ministre des Finances, Raymond Bachand, ne saute pas de joie, mais il trouve les résultats de la Caisse «encourageants». Malgré l'écart avec les indices de référence, «le rendement de 10% nous permet de croire que la Caisse est maintenant sur la bonne voie», estime-t-il.

Le ministre des Finances souligne aussi que le rendement de 10% est supérieur à l'objectif de 7% nécessaire aux déposants pour assurer le financement de leurs régimes de retraite et d'assurance.

Avec sa performance de 2009, la Caisse se classe dans le quatrième et dernier quartile des grandes caisses de retraite au Canada, tel que mesuré par l'indice RBC Dexia. Sous l'impulsion de Michael Sabia, la Caisse a considérablement réduit le niveau de risque de ses investissements. Elle a notamment réduit son passif et cessé de négocier des matières premières.

Son rendement n'en souffrira pas, a soutenu hier le président, qui croit que la Caisse grimpera dans le classement des caisses de retraite.

«Nous avons le potentiel à long terme pour livrer la marchandise et performer dans le premier quartile», a-t-il assuré.

Il faut l'espérer, parce que les retraits des déposants ont surpassé les dépôts en 2009.

À court terme, la Caisse prévoit une «reprise douce», a indiqué M. Sabia. Il affirme que son portefeuille est positionné pour profiter de cet environnement, avec un tiers de l'actif dans les marchés boursiers, un tiers dans les placements privés et l'immobilier et le dernier tiers dans les titres de revenus fixes.

À plus long terme, la Caisse de dépôt sera plus présente sur les marchés internationaux, mais il lui faut d'abord acquérir le savoir-faire qui lui manque. «Je ne suis pas convaincu que nous avons les compétences nécessaires pour gagner sur ces marchés», a-t-il dit.