Avec la déroute de l'économie américaine, le Québec n'a plus le choix. Il est forcé de trouver de nouveaux marchés à l'étranger s'il veut prospérer. Dimanche, débutant à Bombay (Mumbai) une mission économique d'une semaine, avec 130 gens d'affaires et représentants des maisons d'enseignement supérieur, le premier ministre Charest a justifié l'importance qu'il donnait à ses démarches fréquentes à l'étranger.

La croissance économique de l'Inde est proche des 10%, une perspective déterminante pour les industriels québécois selon lui. «On est très dépendant du marché américain, c'est ce que nous enseigne la crise. S'il y a une leçon à tirer de la crise économique, c'est qu'on est beaucoup trop dépendant de marché américain. Il faut aller ailleurs» résume-t-il. En période de crise, «parce que les gens ne sont pas aussi attentifs aux échanges, le moment est encore plus favorable à la création de liens à long terme».

Juste avant les fêtes M. Charest avait fait une mission en Russie et s'était rendu à Copenhague. La semaine dernière, la chef péquiste Pauline Marois l'invitait plutôt à demeurer au Québec pour assurer la gestion du gouvernement. «C'est impossible de fuir les problèmes du Québec. En étant ici, c'est ce que nous faisons, travailler pour les priorités du Québec. La priorité c'est l'économie, et les déplacements sont faits pour mettre en valeur nos produits» résume-t-il. Il ne se sent pas éloigné du débat québécois, «peu importe où je suis, je m'occupe des affaires du Québec», a lancé Jean Charest.

C'est le deuxième passage de M. Charest en Inde. Il avait fait une première mission en janvier 2006. «On a déjà identifié des économies émergentes comme la Chine et l'Inde, deux marchés cibles pour nous... On doit profiter d'un marché en pleine expansion. L'Inde est l'un des pays qui s'est le mieux sorti de la crise. Ils sont mois dépendants des exportations, la population est jeune, ce qui explique la résilience du marché indien» a-t-il soutenu dimanche.

En 2006, M. Charest avait promis une seconde mission dans la même année. Elle arrive quatre ans plus tard. Raymond Bachand et Monique Gagnon Tremblay avaient fait leurs missions comme ministre par la suite. «Une mission de 130 personnes cela prend du temps à organiser, dans un pays en développement», a-t-il insisté.

Le Québec peut désormais miser sur l'appui du nouveau ministre des Infrastructures, M. Kamal Nath. MM. Nath et Charest se connaissent depuis le Sommet de Rio en 1992 et ont toujours maintenu des liens par la suite.

Aux entrepreneurs québécois, le gouvernement ne peut qu'offrir une garantie, ironise M. Charest. «Dans un pays comme l'Inde, si vous ne venez pas vous ne ferez pas d'affaires» résume-t-il. Le fait d'y être présent n'est pas toutefois une assurance de succès convient-il. Seulement 1 % des exportations québécoises prennent la route de l'Inde.

Québec fait depuis longtemps pression sur Ottawa pour que le Canada signe une entente pour l'ouverture des marchés avec l'Inde Le premier ministre Harper a signé une entente de principe l'an dernier. Une évaluation de la portée d'une éventuelle entente est en cours. «Le Québec n'attend pas le fédéral pour investir les marchés. On ne doit surtout pas attendre après les autres», a-t-il dit.