Quebecor World a fait connaître, hier, les détails de son offre à ses créanciers américains. Les banques auront droit à au moins 85% de leur créance, tandis que les fournisseurs devront se contenter de 50% de la valeur de leur créance.

L'imprimeur, en faillite technique tant au Canada qu'aux États-Unis, déposera aujourd'hui les détails de son offre à ses créditeurs canadiens. L'entreprise n'a pas voulu commenter à savoir si ses créanciers canadiens seront traités de façon similaire aux créanciers américains, a fait savoir le porte-parole de Quebecor World, Tony Ross.

Selon les documents déposés hier au tribunal américain des faillites à New York, les banques créancières de Quebecor World recevront entre 85% et 88% de leur créance sous forme d'actions ordinaires, d'actions privilégiées et d'intérêts provenant d'un fonds visant à rembourser les dettes de l'entreprise.

Les fournisseurs qui ont une créance exigible à l'égard de Quebecor World recevront 50% de la valeur de leur créance, à condition que les paiements totaux aux fournisseurs n'excèdent pas 75 millions de dollars. Toutes les créances inférieures à 2500$ seront toutefois payées en totalité, une clause standard dans les procédures de faillite.

L'offre de Quebecor World doit être validée par le tribunal américain le 15 mai prochain. Les créanciers américains auront ensuite jusqu'au 18 juin pour l'accepter ou la refuser. En cas d'échec de l'offre, le tribunal aurait plusieurs options, dont celle de liquider les actifs de l'entreprise et ainsi signer l'arrêt de mort de Quebecor World.

Malgré ses difficultés financières, Quebecor World s'oppose à voir ses actifs liquidés. Selon les documents déposés en cour aux États-Unis, la vente des actifs pourrait rapporter entre 800 millions et 1,4 milliard. Mais Quebecor World a bon espoir de renouer avec les profits dès l'an prochain. Des profits modestes - 7 millions de dollars en 2010, 57 millions en 2011 et 74 millions en 2012 -, mais des profits quand même. Rien à voir avec la perte astronomique de 1,66 milliard en 2008. Cette année, Quebecor World prévoit perdre 186 millions. La direction de l'entreprise négocie actuellement des réductions de salaire de l'ordre de 10%.

Quebecor World soumettra aujourd'hui à la Cour supérieure à Montréal son offre aux créditeurs canadiens. L'entreprise s'est placée sous la protection de ses créanciers en janvier dernier, alors que ses dettes atteignaient 1 milliard de dollars. Le 17 avril, son titre cessait d'être échangé à 2 cents à la Bourse de Toronto. Deux ans auparavant, le titre se situait aux environs de 15$. Quebecor World a l'intention de retourner à la Bourse une fois le processus de restructuration terminé.

Quebecor World a des relations tendues avec Quebecor depuis plusieurs mois, au point où le PDG de Quebecor World, Jacques Mallette, s'est adressé aux tribunaux afin de forcer Quebecor à lui payer ses options d'achat d'actions pour une somme de 1,48 million de dollars. Quebecor a aussi trainé son ancien petit frère devant les tribunaux afin de lui interdire d'utiliser son nom et son logo.

Le grand patron de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, a démissionné de son poste au conseil d'administration de Quebecor World en décembre dernier. Quebecor détient pourtant 23,27% des actions de Quebecor World et 75,12% de ses droits de vote, par l'entremise de ses actions avec droits de vote multiples.

Le président du conseil d'administration de Quebecor World, l'ancien premier ministre Brian Mulroney, est toutefois resté en poste. M. Mulroney est aussi membre du conseil d'administration de Quebecor.