Alain Tadros devient président de BCP. Il n'arrive pas seul à l'agence de publicité! Il fusionne, en fait, les comptes, services et ressources d'EM, l'agence de marketing expérientiel, promotionnel et interactif qu'il a cofondée (avec Harry Bouchard) en 2006.

«Nous étions en discussions, depuis l'automne 2012, avec Yves Gougoux [ancien patron de BCP]. Il était intéressé par les produits d'EM. On a discuté pendant huit mois pour constater que ça pouvait nous rendre plus forts de nous intégrer dans un groupe aux ressources inimaginables et nous donner une belle croissance.»

Le BCP «bonifié», première agence de publicité au Québec, comptera désormais environ 90 employés, grâce à l'ajout d'une vingtaine d'employés de feu-EM. Harry Bouchard devient directeur, création/activation de marque de BCP. «EM représente le tiers du revenu de BCP», mentionne Alain Tadros.

«BCP devient ainsi une agence extrêmement concurrentielle et énergique, soutient Yves Gougoux, président des conseils de Publicis Canada et de BCP. Cette fusion ne vient pas simplement donner plus de revenus ou de personnel à BCP. Elle a été conçue comme une opération qui apporte une nouvelle offre sur le marché. Car on ne parle pas d'acquisition d'une agence avec les mêmes services. Nos clients vont tirer avantage de ça.»

Cette annonce survient au moment où le groupe français Publicis annonce un projet d'union avec le groupe américain Omnicom. On rappelle que BCP est détenue à 100% par Publicis Worldwide.

«On est à l'intérieur du groupe, mais on est une agence qui doit opérer séparément, explique Alain Tadros. Cette annonce ne devrait pas affecter notre travail. On est tous des cousins à l'intérieur d'une même famille! Cela dit, un tel lien nous offre des ressources qu'on n'a jamais eues.»

Comptes de même nature

Hier, des analystes entrevoyaient des problèmes, notamment dans des doublons de comptes de même nature (PepsiCo pour l'un et Coca-Cola pour l'autre, par exemple), si l'union Publicis-Omnicom est entérinée. Et ce, même si certains de ces comptes ne sont détenus que dans certains marchés.

«Comme l'a mentionné Maurice Lévy [grand patron de Publicis], les grands clients vont être rencontrés individuellement pour qu'ils comprennent les avantages que leur confère une telle transaction, dit Yves Gougoux. Ceux-ci comprennent de plus en plus les consolidations. Les analystes doivent voir que ce n'est pas la première fois que des clients se retrouvent sous un même toit.»

Selon la banque d'affaires Morgan Stanley, Maurice Lévy et John Wren, patron d'Omnicom, ont «une grande expérience en termes de fusions-acquisitions. Le nouveau groupe aura du poids dans les marchés émergents et le marketing numérique, et constituera une alternative forte face aux géants numériques tels Facebook ou Google».

Mais selon Barclays, la nouvelle entité pourrait perdre des clients, car la fusion «est une opportunité pour les groupes de faire le point avec leurs agences afin de renégocier un meilleur contrat, et Publicis-Omnicom ne pourra pas tous les gagner. Cette situation devrait bénéficier à Havas, Interpublic et WPP, à moins qu'ils ne décident de s'engager dans une fusion à leur tour.»