Après plusieurs années de discussions, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a conclu une entente majeure, jeudi, qui pourrait ajouter annuellement 1000 milliards de dollars au commerce mondial.

Des diplomates affirment qu'il s'agit du premier accord commercial multilatéral à intervenir depuis la fondation de l'OMC, il y a 20 ans. La conclusion d'ententes à l'OMC n'est pas une mince affaire, si l'on tient compte du fait qu'elles nécessitent le soutien unanime des 160 pays membres - dont le Canada et les États-Unis.

La commissaire au commerce de l'Union européenne, Cecilia Malmström, a fait valoir que l'entente, une fois entrée en vigueur, aiderait les pays en développement à «mieux s'intégrer» à l'économie mondiale, à intensifier l'«intégration régionale» et à «sortir des milliers de gens de la pauvreté».

Le directeur général de l'OMC, Roberto Azevêdo, a affirmé que l'entente était désormais opérationnelle, mais qu'elle entrerait en vigueur après son acceptation officielle par les deux tiers des membres. Le ministre du Commerce international du Canada, Ed Fast, a exhorté tous les membres «à lancer rapidement les processus internes» d'approbation.

Des critiques s'inquiétaient de voir l'accord compliquer l'établissement par les pays de priorités propres en environnement, protection des travailleurs, sécurité alimentaire et autres enjeux liés au commerce.

L'OMC a déjà fait valoir que l'Accord sur la facilitation des échanges pourrait faire grimper la valeur totale du commerce mondial à 23 000 milliards de dollars, comparativement à 22 000 milliards selon les évaluations actuelles.

«Il s'agit d'un moment très important pour l'OMC, a estimé M. Azevêdo. Nous nous sommes replacés dans la partie. Nous avons remis notre travail de négociation sur les rails.»

Après des mois d'impasse et des années de négociations, un accord entre les États-Unis et l'Inde conclu ce mois-ci sur la détention de stocks publics à des fins de sécurité alimentaire en Inde a ouvert la voie à l'entente globale. L'Inde avait insisté pour subventionner les grains en vertu d'une politique nationale afin de soutenir des centaines de millions de fermiers démunis et offrir une sécurité alimentaire dans un contexte d'inflation élevée, une position qui avait paralysé les discussions depuis juillet.

«Nous avons perdu du temps précieux depuis juillet, et il va sans dire que nous ne pouvons pas attendre deux autres décennies pour livrer de plus amples réussites multilatérales», a dit M. Azevêdo.

L'entente couvre seulement une petite partie des secteurs pour lesquels l'OMC a lancé une ronde de négociations à Doha, au Qatar, en 2001, avec à ce moment l'objectif de conclure le tout en trois ans. Il s'est avéré rapidement impossible de respecter cet échéancier et de s'entendre sur tous les éléments du programme initial.

Alors que les années filaient et que les membres de l'organisation continuaient de s'opposer sur des éléments centraux, plusieurs observateurs estimaient que l'OMC perdait sa pertinence et que les pays étaient plus avisés de s'attarder à des ententes commerciales bilatérales. Mme Malmström a fait valoir que cette entente remettait l'OMC sur les rails.

«Les membres ont démontré leur volonté de compromis - et un réel engagement envers le système commercial multilatéral, a dit M. Azevêdo. Cela a été une période ardue pour notre travail de négociation, mais nous avons obtenu aujourd'hui les bons résultats.»

Le représentant américain au Commerce, Michael Froman, a soutenu que l'OMC avait «fait un pas en avant crucial».

Le ministre Ed Fast salue une «avancée importante»

Le ministre du Commerce international du Canada, Ed Fast, a dit saluer cette «avancée importante», et a exhorté tous les membres de l'OMC à «maintenir le rythme et à lancer rapidement leurs processus internes afin de permettre l'entrée en vigueur rapide de l'Accord sur la facilitation des échanges».

«Ce faisant, les entreprises canadiennes, y compris le secteur crucial des petites et moyennes entreprises, pourront profiter dès que possible de la réduction des formalités administratives et des retards qu'elles occasionnaient, et bénéficier par conséquent de la croissance économique et de la création d'emplois qui en découlera», a-t-il fait valoir, jeudi, par communiqué.

Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OSCE), la mise en oeuvre complète de l'Accord pourrait permettre de réduire de 15 pour cent les coûts associés aux échanges commerciaux, a soutenu le ministre. M. Fast a ajouté que l'entente pourrait «favoriser la création de 21 millions d'emplois», selon «certaines études».