Le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a prévenu mardi qu'il s'assurerait qu'une certaine «conception» de l'agriculture européenne soit protégée lors des négociations visant à créer une zone de libre-échange entre l'Union européenne et les États-Unis.

«Il a été beaucoup question de l'exception culturelle et on a oublié de préciser que des lignes avaient été fixées dans le mandat de la négociation (confié à la Commission européenne) sur trois grands sujets», le premier étant «la question de la conception de l'agriculture» qui repose notamment sur les «indications géographiques protégées», a déclaré le ministre à l'Assemblée nationale, en réponse à une question du député écologiste du Morbihan, Paul Molac.

«C'est une idée de l'agriculture qui n'est pas celle des États-Unis et qu'il faut protéger», a-t-il insisté.

«Deuxième point: il y a des productions sensibles en Europe et en particulier sur la viande bovine» et «nous devons protéger ces filières sensibles» économiquement, a ajouté le ministre socialiste.

Enfin, «sur les normes, il serait paradoxal et inacceptable que l'Europe fixe des normes pour les agriculteurs européens, que ce soit dans le domaine sanitaire, du bien-être animal ou environnemental, et que dans le cadre du libre-échange, on puisse accepter des produits qui ne les respecteraient pas».

«À partir de maintenant et pour les années qui viennent (...) la vigilance sera de mise sur les trois axes que je viens d'indiquer», a-t-il martelé.

Les États-Unis et l'UE ont donné en début de semaine le coup d'envoi discret des négociations visant à créer l'une des plus grandes zones de libre-échange dans le monde.

Au terme d'une intense bataille, la France a déjà obtenu à la mi-juin que le secteur audiovisuel soit exclu des discussions, au prix d'un bras de fer avec la Commission européenne qui pourrait reprendre si le sujet revenait sur la table.

De nouvelles frictions pourraient surgir sur l'agriculture et les organismes génétiquement modifiés (OGM), cultivés à grande échelle aux États-Unis et strictement régulés dans l'Union européenne.

Les Européens de leur côté voudraient voir les marchés publics plus ouverts aux États-Unis.