La «troïka» des créanciers du Portugal est attendue mardi à Lisbonne pour évaluer le nouveau plan de rigueur que le gouvernement a commencé lundi à négocier avec les syndicats, très critiques sur les suppressions d'emplois et l'allongement du temps de travail prévus dans la fonction publique.

Le gouvernement a indiqué dans un bref communiqué que la troïka (UE-FMI-BCE) allait «analyser» à partir de mardi «les mesures présentées par le premier ministre», Pedro Passos Coelho vendredi dernier.

M. Passos Coelho a détaillé dans un discours au pays les mesures qu'il comptait prendre pour réaliser des économies de 4,8 milliards d'euros à l'horizon 2015.

L'approbation de ce plan par la «troïka» des bailleurs de fonds doit permettre de débloquer une nouvelle tranche d'aide de 2 milliards d'euros dans le cadre du plan d'aide international de 78 milliards d'euros dont le Portugal bénéficie depuis mai 2011.

M. Passos Coelho a notamment annoncé le report de l'âge du départ à la retraite à taux plein de 65 à 66 ans et un projet de contribution spéciale sur les retraites qui épargnera toutefois les plus modestes.

En outre, le temps de travail des fonctionnaires doit passer de 35 à 40 heures afin de les aligner sur le secteur privé, tandis que des départs volontaires doivent réduire de 30 000 les quelque 700.000 postes qu'ils occupent.

Mais les syndicats se sont montrés très critiques à l'encontre de cette nouvelle cure de rigueur. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté en fin de matinée devant le ministère des Finances où des représentants des deux principaux syndicats, la CGTP, proche du Parti communiste et l'UGT, lié au Parti socialiste, discutaient avec le secrétaire d'État à l'Administration publique, Helder Rosalino.

«Si vous en avez assez d'être volés, sifflez», «on nous vole mais nous ne nous tairons pas», pouvait-on lire sur des affiches brandies par les protestataires munis de sifflets et qui ont manifesté en faisant le plus de bruit possible devant le ministère, protégé par un dispositif de sécurité.

«Fascistes», le «fascisme jamais plus», criaient les manifestants qui ont entonné la chanson «Grandola Vila Morena», hymne de la Révolution des oeillets de 1974 et désormais symbole de la contestation.

Le premier ministre a appelé les partenaires sociaux et les partis politiques au dialogue sur son nouveau plan de rigueur affirmant que les nouvelles mesures pourraient être «remplacées par des alternatives crédibles».

Mais les premières réactions ont été plutôt négatives, le secrétaire général de la CGTP, Armenio Carlos, estimant que les nouvelles mesures allaient «creuser la récession et le chômage».

L'économie portugaise doit se contracter cette année de 2,3% et le chômage dépasser le taux record de 18%.

Le Parti socialiste a rapidement pris ses distances dénonçant «l'insensibilité sociale» du gouvernement tout en affirmant que l'excès d'austérité avait placé le pays «au bord de la tragédie sociale».

Des critiques se sont même fait entendre au sein de la coalition de droite au pouvoir. Le ministre des Affaires étrangères, Paulo Portas, chef du petit parti conservateur CDS-PP, allié au PSD du premier ministre, s'est déclaré résolument opposé au projet de contribution spéciale sur les retraites.

Il a également estimé que le gouvernement devait se montrer plus «réactif» dans ses négociations avec la «troïka».

De son côté le chef du patronat, Antonio Saraiva, a jugé que le nouveau plan du premier ministre aurait de l'être «plus ambitieux» et qu'il risquait «d'arriver trop tard».

Les nouvelles mesures sont destinées à permettre au Portugal de respecter l'engagement pris auprès de la «troïka» de ramener le déficit public à 5,5% du PIB cette année et à 4% du PIB l'an prochain.

Leur validation par la «troïka» devrait également permettre au Portugal de bénéficier d'un allongement des délais de remboursement des prêts qui lui ont été accordés, ce qui devrait faciliter son retour sur les marchés financiers avant la fin du plan d'aide, prévue pour l'été 2014.