La France et le Royaume-Uni ont annoncé coup sur coup mardi le projet d'inscrire dans leurs budgets la taxation des banques, s'associant à l'Allemagne dans un communiqué commun pour faire pression sur le G20 à quelques jours d'une réunion de celui-ci à Toronto.

Dans le cadre de la présentation d'un budget d'une austérité sans précédent depuis l'après-guerre, à cause d'un déficit creusé par la crise financière, le ministre des Finances George Osborne a annoncé l'instauration d'une taxe bancaire dès 2011 sur les actifs des banques opérant dans le pays, y compris les filiales des banques étrangères.

De quoi rapporter selon lui 2 milliards de livres par an (3 milliards de dollars CAN) quand la taxe sera montée en puissance.

«Certains ont argué qu'on devrait attendre que chaque pays du G20 introduise une telle taxe», mais «je pense que ce n'est ni juste ni raisonnable», a remarqué le ministre.

Or de leur côté, la France et l'Allemagne ne cessent non plus de réclamer une telle taxe, comme le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel l'ont répété lundi encore dans une lettre adressée au Premier ministre canadien Stephen Harper, à quelques jours du G20.

L'Allemagne avait déjà dévoilé en mars les grandes lignes d'une taxation qui devrait se traduire par un projet de loi à l'été. La France a du coup choisi le même jour que les Britanniques pour assurer qu'elle «présenterait les modalités détaillées de sa taxe bancaire» dans son projet de loi de Finances en septembre.

Les trois grands pays européens vont ainsi former à Toronto un pack d'envergure face à des gouvernements beaucoup plus réticents, voire carrément hostiles à une telle taxation, notamment les grands pays émergents ou les hôtes canadiens. Quant à la taxe similaire proposée par la Maison Blanche en janvier, le Congrès américain doit encore en discuter cet été.

Paris, Londres et Berlin ont enfoncé le clou mardi en rédigeant un communiqué commun pour demander l'instauration au niveau du G20 de taxes similaires, assises sur le bilan des banques, disant «se réjouir à la perspective de débattre plus avant de ces propositions avec leurs partenaires internationaux» à Toronto.

La chancelière Angela Merkel a noté mardi qu'une telle taxe avait pour but «d'éviter que quelques grandes banques nous forcent à nouveau à les aider».

Cet accord politique ne présage pas cependant de la forme que prendront ces taxes. «Les modalités précises pourront varier en fonction du contexte et de la fiscalité de chaque pays mais le niveau de prélèvement tiendra compte dans tous les cas de la nécessité de garantir des conditions équitables», observe le communiqué.

Les commentateurs britanniques, nombreux à s'exprimer mardi, n'ont pas eu l'air pour leur part de considérer que la taxe envisagée au Royaume-Uni était énorme, comparée aux énormes profits des banques.

Même l'Association des Banquiers britanniques (BBA) a fait profil bas en assurant que le secteur bancaire «comprend entièrement la part qu'il devait prendre à la guérison économique» du pays. Elle a seulement souhaité de la «coordination», afin que les banques n'aient pas à payer ce genre de taxes dans plusieurs pays à la fois.

Paris et Berlin par ailleurs, comme l'a rappelé Mme Merkel mardi, voudraient aussi voir le G20 se pencher sur une taxation des transactions financières, comme ils l'ont écrit à M. Harper. Mme Merkel «va se battre» pour cela, a-t-elle assuré, mais sans «pouvoir prédire le résultat» de ces efforts.

M. Osborne n'a donné aucun détail à ce sujet pour sa part dans son discours.