La Grèce a touché mardi un chèque de 14,5 milliards d'euros des autres pays de la zone euro pour faire face à une échéance de sa dette de 9 milliards mercredi, selon des responsables du ministère des Finances tenus à l'anonymat. Elle avait déjà reçu 5,5 milliards du Fonds monétaire international (FMI) la semaine dernière, dans le cadre de l'aide d'urgence.

Ce prêt de 20 milliards d'euros fait partie de l'enveloppe de 110 milliards d'euros sur trois ans débloquée par l'Union européenne (80 milliards) et le FMI pour éviter la faillite de la Grèce et la déstabilisation de toute la zone euro.

Athènes s'était déclaré dans l'incapacité de rembourser sa dette s'il ne recevait pas une aide financière d'urgence.

Dix États membres de la zone euro ont participé à ce premier versement partiel, selon le ministère grec des Finances. Avec 4,4 milliards d'euros, l'Allemagne est le principal pays contributeur devant la France (3,3 milliards d'euros) et l'Italie (2,9 milliards d'euros). Les autres pays ayant débloqué des fonds sont l'Espagne, les Pays-Bas, l'Autriche, le Portugal, le Luxembourg, Chypre et Malte.

Pour obtenir ces prêts, le gouvernement de centre-gauche de Georges Papandréou a dû donner des gages de bonne conduite budgétaire avec un programme de diminution radicale du déficit qui passe par des réductions de salaires pour les fonctionnaires, des coupes claires dans les retraites, l'augmentation de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) pour tout le monde et des promesses de lutte efficace contre la corruption endémique.

Le plan de rigueur a déclenché des grèves générales et manifestations dans tout le pays. Les dernières se sont soldées par trois morts le 5 mai.

Une nouvelle grève générale est prévue pour jeudi dans les services publics et les transports en commun. Les écoles devraient rester fermées, seuls les services d'urgence des hôpitaux fonctionneront, les journalistes feront également grève, mais les contrôleurs aériens assureront leur service. Deux grandes manifestations sont prévues à Athènes.

Dans ce contexte de grand nettoyage, le cas de la secrétaire d'État au Tourisme paraît bien embarrassant pour le gouvernement. Angela Gerekou a démissionné lundi soir après la révélation dans un journal de ce que le fisc réclame 5,5 millions d'euros à son époux, le chanteur populaire et ancienne vedette du cinéma Tolis Voskopoulos, âgé de 70 ans.

Le gouvernement a précisé dans un communiqué que la secrétaire d'État, elle-même ex-actrice de 51 ans, n'était pas impliquée dans l'affaire. Mme Gerekou a déclaré qu'elle démissionnait pour «empêcher, en ces temps particulièrement difficiles, que le cas de (son) mari soit utilisé pour lancer des accusations généralisées contre le gouvernement». Elle a ajouté que les arriérés d'impôts de son époux dataient d'avant leur rencontre.

Les autorités grecques ont récemment publié les noms de gros fraudeurs au fisc, pour la plupart des médecins accusés de ne pas déclarer leurs véritables revenus. Elles tentent aussi de repérer les fraudeurs sur des images prises par des satellites qui révéleraient la présence de piscines et autres signes extérieurs de richesse. Le gouvernement affirme vouloir récupérer des milliards d'euros de taxes.

Le départ de Mme Gerekou survient alors que la saison touristique démarre en Grèce, et personne n'a été nommé pour reprendre le poste. Les professionnels du secteur s'inquiètent des annulations massives des réservations liées aux violences qui ont émaillé les manifestations contre le plan d'austérité.