Victime d'annulations en série après les violences du 5 mai, le secteur touristique, pilier de l'économie grec, est frappé de plein fouet par une cure d'austérité, au point que le gouvernement a décidé de mettre en place un «comité de crise» pour endiguer l'hémorragie.

Si certains responsables du secteur, interrogés par l'AFP, avaient tenté de minimiser l'ampleur de la crise, le gouvernement a lui reconnu que «le tourisme grec est dans une situation critique».

Le porte-parole du gouvernement George Petalotis a annoncé jeudi la mise en place d'un «comité de crise» piloté par l'Organisme grec du tourisme (EOT) qui dépend du ministère du Tourisme.

«Il y a des milliers d'annulations, en raison des incidents des derniers jours et de la récession, qui provoquent chaque semaine la perte de dizaines de millions d'euros», a-t-il ajouté.

Les touristes et les Grecs avaient été choqués par les violences qui avaient éclaté en marge des défilés de la journée de grève générale du 5 mai.

Les images de vitrines de magasins brisées mais surtout de bâtiments incendiés, dont une banque où trois personnes ont trouvé la mort à Athènes, ont fait le tour du monde.

Même si depuis, les manifestations contre la rigueur se sont déroulées dans le calme, «les incidents qui ont stigmatisé la Grèce furent décisifs pour créer un sentiment d'incertitude et de peur chez les touristes qui réservaient et qui ne veulent plus venir en Grèce pour des raisons évidentes», a dit M. Petalotis.

Le gouvernement socialiste s'est résolu à imposer une cure d'austérité sans précédent au pays en contrepartie d'un plan inédit d'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international pour sauver le pays dont la banqueroute aurait menacé toute la zone euro.

Une rigueur combattue dans la rue par les Grecs, même si une majorité l'accepte selon des sondages. Une nouvelle grève générale est organisée par les syndicats le 20 mai.

Les plus catastrophés sont les hôteliers d'Athènes. Près de 20 000 nuits d'hôtel ont été annulées depuis les violences et «il n'y a aucune raison d'être optimiste, car ce chiffre continue d'augmenter», déclare à l'AFP le directeur de l'Association des hôteliers d'Athènes (AHA), Loukas Douvas.

«Nous avons enregistré 5800 nuitées annulées dans les trois jours qui ont suivi les violences. Mais depuis dimanche la situation s'est stabilisée. Si rien de grave ne se passe, nous nous attendons aux mêmes chiffres de fréquentation en 2010 qu'en 2009», tempère le directeur de l'Association des entreprises de tourisme grecques (Sete) Georges Drakopoulos.

En pleine récession, la Grèce compte surtout sur tourisme qui est l'un des plus puissants moteurs de l'économie (17% du produit intérieur brut).

Mais jeudi en fin de matinée, au pied de l'Acropole, monument incontournable pour tout visiteur d'Athènes, les touristes étaient peu nombreux, malgré un temps estival.

«Nous avons vu une baisse de fréquentation de 5% à 8% depuis une semaine», note Dimitri Pantermalis, le directeur du musée de l'Acropole, inauguré en grande pompe en juin 2009 pour attirer les touristes.

«On en a parlé, on s'est posé la question. On était surtout inquiets d'être bloqués à l'aéroport par des grèves. Je ne serais pas venue si les manifestants visaient les touristes», raconte Andra Lowry, 20 ans, qui fait partie d'un groupe d'étudiantes américaines.

«C'est idiot. Certains sont presque plus rassurés à New York, où on risque pourtant un attentat terroriste, qu'ici parce qu'on ne parle pas la langue», dit son amie Joy Atheridge.

Un couple de Français et leur fille de 12 ans, venus pour le pont de l'ascension, affirme lui n'avoir à aucun moment pensé à annuler. «Notre inquiétude c'est plutôt de savoir si, en matière de cure d'austérité, c'est bientôt le tour de la France».