Le marché immobilier fera meilleure figure que prévu cette année au Canada, mais des baisses de prix sont à prévoir dès la fin de 2012 à Vancouver, Toronto et même Montréal, avertit la Banque TD.

L'institution estime que les deux villes canadiennes-anglaises sont «particulièrement vulnérables» et «mûres» pour une correction de 12% à 15%. La métropole québécoise, quant à elle, pourrait enregistrer un recul des prix d'environ 8%, selon l'économiste Sonya Gulati.

«Montréal est en meilleure posture quand on le compare aux autres grands centres urbains et à l'ensemble du pays, où la baisse des prix devrait être de 10% en moyenne», a fait valoir Mme Gulati à La Presse Affaires.

Le recul appréhendé sera graduel. Il s'étalera sur sept ou huit trimestres - environ deux ans - à partir de la deuxième moitié de 2012, avance la TD.

Ces prévisions sont moins catastrophiques que celles de la firme Capital Economics, qui prévoit un recul des prix d'au moins 25% au Canada. Mais elles demeurent plus pessimistes que celles émises par plusieurs autres économistes, en particulier pour le marché de Montréal.

Les experts s'attendent en général à une stagnation des prix dans la métropole à partir de 2012, après une décennie frénétique où la valeur moyenne des propriétés a grimpé de 150%. Seulement depuis le début de l'année, la valeur de revente médiane a progressé de 5% dans le Grand Montréal, à 263 000$ pour une maison, 218 000$ pour un condo et 399 000$ pour un plex.

«À Montréal, je vois une stabilité relative: pas de potentiel de croissance, et un risque de baisse limité, a indiqué Benjamin Tal, économiste à la CIBC. Ce sera stable... et ennuyeux.»

M. Tal prévoit un recul des prix de 5% à 7% en moyenne au pays, mais pas à court terme. Les problèmes financiers en Europe et aux États-Unis ont retardé la hausse des taux d'intérêt d'au moins un an Canada, souligne-t-il, ce qui permettra de soutenir le marché immobilier pour encore quelques trimestres.

«C'est comme si le marché canadien de l'habitation avait neuf vies: chaque fois qu'on pense qu'il va ralentir en raison de la hausse des taux d'intérêt, quelque chose de mauvais arrive ailleurs, ce qui garde les taux bas chez nous», a illustré l'économiste.

Prévisions rehaussées

Dans un horizon rapproché, le secteur canadien de l'habitation semble voué à connaître une bonne année. L'Association canadienne de l'immeuble a rehaussé hier ses prévisions, pour la quatrième fois en moins d'un an.

Selon l'ACI, le nombre de transactions progressera de 0,9% en 2011 au pays, pour totaliser 450 800 reventes. C'est nettement mieux que la baisse de 9% anticipée par l'organisme l'année dernière. Les ventes devraient ensuite reculer de 0,7% en 2012.

Les prix, quant à eux, devraient grimper de 7,2% cette année au pays, à 363 500$, et stagner l'an prochain, prévoit l'organisme. Au Québec, la valeur de revente moyenne devrait progresser de 5,2% cette année, à 261 300$, et gagner encore 3,3% en 2012.

Les ventes connaîtront cependant une baisse de 3,8% cette année au Québec si l'on se fie à l'ACI, le recul le plus marqué au pays. Quelque 77 000 seront enregistrées dans la province.

«Au deuxième trimestre de 2011, l'activité plus intense que prévu en Ontario a compensé quelque peu la demande moins forte que prévu au Québec, au Manitoba et à Terre-Neuve, a indiqué l'ACI dans un rapport. Par conséquent, les prévisions des ventes en Ontario pour l'année 2011 ont été relevées, alors que celles du Québec, du Manitoba et de Terre-Neuve ont été révisées à la baisse.»

En juillet, le marché canadien est demeuré dans son ensemble à l'équilibre. Les ventes sont restées stables par rapport à juin, et elles ont affiché une hausse de 12,3% sur un an. Rappelons que juillet 2010 avait été marqué par une activité assez faible.

Douglas Porter, économiste à la BMO, s'étonne de la vigueur actuelle du marché de l'immobilier, à des années-lumière de celui des États-Unis. «Le secteur canadien de l'habitation demeure étonnamment robuste, grâce aux taux d'intérêt qui restent bas et à la solide croissance de l'emploi», a-t-il noté.