Malgré ses 70 ans, Stanley Ma, fondateur et PDG du Groupe d'alimentation MTY, n'a toujours pas l'intention de ralentir le rythme. Son entreprise, qui vient de réaliser deux importantes transactions en l'espace d'un an et demi qui ont porté à plus de 5700 le nombre de ses restaurants franchisés et à 68 celui de ses enseignes, devrait franchir le cap des 4 milliards de revenus d'ici trois ans, estime-t-il.

Lors d'une rare entrevue qu'il m'a accordée au siège social montréalais du Groupe MTY, situé sur la route Transcanadienne à Saint-Laurent, Stanley Ma était visiblement en grande forme.

Le groupe avait finalisé un mois plus tôt l'acquisition d'Imvescor et de ses 262 restaurants exploités sous les enseignes Pizza Delight, Bâton Rouge, Mikes, Scores et Ben & Florentine, et dévoilé de solides résultats financiers pour le premier trimestre de son exercice.

Pourtant, depuis une dizaine de jours, le titre de MTY venait de subir un recul de près de 10 %, à la grande surprise de Stanley Ma.

« On n'a aucune idée de ce qui a provoqué une telle réaction. Nos ventes, nos profits et nos liquidités ont affiché des gains. On pense que ce sont peut-être des actionnaires d'Imvescor qui ont décidé de liquider les actions de MTY qu'ils ont obtenues dans le paiement de la transaction », avance-t-il.

MTY a payé près de 250 millions pour faire l'acquisition d'Imvescor, dont 200 millions par échange d'actions.

Un an plus tôt, MTY avait payé 400 millions pour mettre la main sur le réseau de plus de 2000 restaurants du groupe américain Kahala Brands qui supervise une vingtaine d'enseignes, dont Cold Stone, TacoTime et La Salsa.

À DÉFAUT DE ST-HUBERT

Ces deux transactions importantes se sont réalisées dans la foulée de l'échec encaissé par MTY dans sa tentative d'acquérir le Groupe St-Hubert de son propriétaire Jean-Pierre Léger.

« Je ne comprends toujours pas pourquoi M. Léger ne nous a pas retenus. Quand je l'ai rencontré, il était enthousiaste à l'idée que le groupe St-Hubert reste au Québec. » - Stanley Ma

« Mais ça ne m'a pas empêché de dormir la nuit et je pense qu'aujourd'hui, je suis plus heureux avec les deux transactions que l'on a réalisées que si on avait acheté St-Hubert », constate avec le recul Stanley Ma.

C'est sous l'impulsion d'Alain Bouchard, président exécutif du conseil de Couche-Tard, que Stanley Ma a décidé de réaliser la plus importante transaction de l'histoire de MTY aux États-Unis, en acquérant Kahala Brands.

« J'avais peur d'aller aux États-Unis parce qu'on n'avait pas d'expertise du marché américain. Alain Bouchard m'a convaincu de foncer en disant qu'il y avait de très bons exploitants aux États-Unis qui eux connaissent bien leur marché et qui allaient contribuer à notre succès.

« C'est ce qu'on a fait et on a effectivement hérité d'une très bonne équipe. On a aujourd'hui 230 personnes qui travaillent à notre siège social américain à Scottsdale, en Arizona, qui supervisent notre développement aux États-Unis.

« On a déjà vendu des franchises de Thaï Express et on prévoit en avoir une quinzaine d'ici la fin de l'année », anticipe Stanley Ma.

MTY a aujourd'hui six bureaux pour superviser ses opérations en Amérique du Nord. Le groupe emploie un total de 700 personnes et compte plus de 50 000 employés qui travaillent dans ses restaurants franchisés.

« On a quelque 70 restaurants corporatifs, mais on ne tient pas à être exploitant. Nous, on est un franchiseur », insiste Stanley Ma.

UNE ENTREPRISE EN CROISSANCE

MTY a commencé ses activités en développant et consolidant le marché des aires de restauration de centres commerciaux.

Aujourd'hui, l'entreprise déborde largement ce segment et exploite des chaînes de restaurants ayant pignon sur rue ainsi que des enseignes offrant le service aux tables telles que Madisons, Bâton Rouge, Giorgio, Steak Frites...

« Les services dans les aires de restauration représentent encore 40 % de nos revenus, contre 40 % pour les restaurants ayant pignon sur rue et 10 % pour les restaurants avec service. Le secteur institutionnel - hôpitaux, aéroports, stations-service... - représente un autre 10 % », évalue Stanley Ma.

Le PDG prévoit que les revenus de ses restaurants, qui s'élèvent aujourd'hui à 2,8 milliards, devraient franchir le cap des 4 milliards d'ici trois ans.

« On est toujours une entreprise en croissance et nos revenus devraient progresser de 15 à 20 % par année au cours des trois prochaines années », anticipe Stanley Ma qui précise que MTY est toujours fortement sollicitée au chapitre des fusions et acquisitions possibles, tant au Canada qu'aux États-Unis.

À 70 ans, Stanley Ma affirme ne pas avoir de projet de retraite en vue.

« J'aime encore ça. J'ai encore la passion et la santé. Je ne sais pas où je serai dans six ou sept mois. Je n'ai pas de plan, mais, chose certaine, on a chez MTY amplement de talent pour me remplacer », souligne le fondateur.

Stanley Ma, qui possède toujours 21 % des actions de MTY, se décrit bien humblement comme un actionnaire comme les autres, qui fait de son mieux pour augmenter la valeur de l'entreprise.

Au début des années 2000, les actions de MTY étaient ce qu'on appelle des penny stocks qui s'échangeaient sous les 30 cents, et elles ont atteint en début d'année la marque des 55 $. On peut affirmer sans exagérer qu'il a vraiment fait de son mieux pour hausser la valeur de l'entreprise.