Après trois hausses mensuelles d'affilée, la valeur et les volumes des ventes des manufacturiers ont reculé en octobre, plombées par de forts reculs dans les segments de l'aérospatiale et des hydrocarbures.

Malgré ce repli prévisible en raison du recul de nos exportations, 48,7 milliards restent le meilleur montant des ventes cette année. Seul septembre avait été plus élevé, a indiqué Statistique Canada hier.

Les livraisons manufacturières ont reculé de 0,8% en valeur, mais de 0,9% en volume. En septembre, elles avaient bondi de 2,6% et 1,7%, respectivement.

Le repli des expéditions de produits pétroliers et du charbon est attribuable à la fermeture d'installations pour fins d'entretien. «On a rapporté à la mi-septembre la fermeture pendant six semaines d'une usine de revalorisation de Syncrude», rappelle Paul Ferley, économiste en chef adjoint chez RBC.

Un repli de 9,7% a aussi été observé dans le secteur très volatil de l'aéronautique, après deux fortes hausses d'affilée. Le recul des ventes au Québec, où cette industrie est très concentrée, a néanmoins été limité à 0,1%. Seuls la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan ont connu une hausse.

Le ralentissement s'est sans doute poursuivi tout l'automne: la valeur des commandes en carnet tout comme celle des nouvelles commandes ont toutes deux battu en retraite après plusieurs mois de hausse d'affilée. «Il serait étonnant de voir les ventes des manufacturiers croître de façon vigoureuse au cours des prochains trimestres, juge Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins. Cela n'exclut pas une progression, mais il faut s'attendre à ce qu'elle soit modeste, à l'image de l'état général de l'économie nord-américaine.»

Malgré le recul des ventes, le niveau des stocks s'est accru de 1,4%. Il s'agit de la 13e augmentation mensuelle d'affilée. Par conséquent le ratio des stocks aux ventes a augmenté pour la première fois en quatre mois, passant de 1,30 à 1,33. Cela signifie que la production accumulée équivaut à 1,33 mois de ventes à leur niveau du mois.

Même si des reculs ont été observés dans 13 des 21 industries manufacturières, c'est surtout le sous-secteur des biens non durables qui a souffert, hormis l'aérospatial. Des progrès significatifs ont été observés chez les producteurs de bois, de pièces d'autos et de produits métalliques, tous très orientés vers les marchés étrangers. «Si on se fie à la valeur des commandes en carnet à l'exception de celle des produits aérospatiaux, on observe un certain élan pour les ventes futures», note Marc Pinsonneault, de la Banque Nationale.

Reste que le recul des volumes se répercutera dans le calcul du PIB pour octobre. Il semble acquis que sa variation sera plus faible que les 0,2% de septembre.

Néanmoins, la croissance du dernier trimestre pourrait bien se situer entre 1% et 2% sur une base annualisée. C'est moins que les 3,5% du troisième, mais cela signifie que l'économie canadienne est toujours en expansion, en cette fin d'année.

Pour 2012, la progression de 0,8% de l'indice composite avancé de Statistique Canada, la plus élevée en cinq mois, reste de bon augure.