L'investisseur américain Carl Icahn, déçu que le groupe de produits ménagers Clorox n'atteigne pas ses objectifs, a annoncé vendredi qu'il se proposait de racheter l'entreprise en la valorisant 12,6 milliards de dollars, tout en lui conseillant de trouver d'autres acheteurs.

«Nous sommes dans une position unique, en tant que votre plus grand actionnaire (ndlr: 9,4% du capital), en ce que nous portons deux casquettes, celle d'actionnaire et celle d'acheteur potentiel», a expliqué M. Icahn dans une lettre au PDG de Clorox Donald Knauss publiée vendredi.

«Donc, même si nous sommes prêts et en mesure d'acheter Clorox, nous vous encourageons à organiser un processus de vente ouvert et amical où tous les acheteurs ayant des synergies ont la possibilité de faire un audit et sont invités à soumettre une proposition», a ajouté M. Icahn dans sa lettre, sans cacher sa déception devant les résultats de la société.

Clorox, dont le nom est devenu synonyme de javel aux Etats-Unis, possède une gamme de détergents de cette marque et des marques Pine-Sol et 409, ainsi que les sacs poubelle Glad, les filtres à eau Brita ou encore les produits de soin Burt's Bees; il table sur un chiffre d'affaires en baisse ou au mieux stable pour l'exercice clos fin juin, et sur une croissance limitée à 1 à 3% pour l'exercice suivant.

Sur les neuf premiers mois de l'exercice qui vient de se terminer, ses ventes ont cédé 1,5% à 3,75 milliards de dollars, pour un bénéfice net réduit de 10% à 388 millions de dollars.

Des résultats qui ne correspondent pas à la stratégie affichée par le groupe presque centenaire, qui «prévoyait une progression annuelle des ventes de 3% à 5%» ainsi qu'une «progression annuelle à deux chiffres du bénéfice», a souligné M. Icahn.

M. Icahn estime que des groupes «nettement plus gros» que Clorox, avec «des bilans robustes» et des perspectives de «synergies» devraient être en mesure d'acheter Clorox.

Pour Bill Schmitz, analyste à la Deutsche Bank, «on pense à Kimberly-Clark, Henkel et Procter & Gamble comme parties potentiellement intéressées».

En revanche l'anglo-néerlandais Unilever est «improbable», selon M. Schmitz, vu qu'il «a décidé de vendre son activité américaine de lessives en 2008». Quant à un cinquième groupe évoqué par M. Icahn, Reckitt Benckiser, «il aura sûrement des soucis de concurrence avec sa marque Lysol».

Enfin concernant Colgate-Palmolive, également mentionné par M. Icahn, M. Schmitz note qu'«il ne s'intéresse pas aux produits ménager pour le moment, préférent se concentrer sur son coeur de métier», dentifrices et brosses à dents.

M. Schmitz notait encore que Henkel a déjà possédé 30% de Clorox «pendant de nombreuses années», jusqu'en 2004, tandis que Procter & Gamble avait acheté la totalité de l'entreprise en 1957, avant d'être forcé par les autorités de la concurrence de la céder en 1969.

En attendant que se concrétise une offre alternative, M. Icahn est prêt à offrir 76,50 dollars par action en numéraire, une prime de 12% par rapport au cours de clôture de jeudi.

Pour Jason Gere, chez RBC Capital Markets, «Icahn devrait relever son offre autour de 85 dollars pour acheter l'entreprise, mais nous ne savons pas s'il veut vraiment posséder Clorox».

Sur la chaîne de télévision CNBC, M. Icahn a assuré qu'il «adorerait acheter» le groupe, vu la notoriété de ses marques, et le fait qu'il est actuellement «sous-évalué». «Je ne nettoie pas les sols (...) mais on me dit que le Clorox est formidable», a-t-il ajouté.

L'action Clorox bondissait de 8,97% à 74,57 dollars une heure avant la clôture de la Bourse de New York.